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ministres qui se succèdent au ministère de l’instruction publique, d’appliquer à toutes les facultés la belle institution des agrégés de la faculté de médecine. Les lecteurs des universités hollandaises ne sont que l’ombre de cette institution ; car ces lecteurs ne font des cours que sur des matières de peu d’importance, tandis que les agrégés de l’école de médecine, les Privat-docenten des universités allemandes, font précisément des cours sur les points les plus intéressans que négligent quelquefois les professeurs ordinaires et extraordinaires, et par là soutiennent et animent l’enseignement, et complètent, presque sans aucun frais, l’encyclopédie scientifique que toute université doit présenter. Mais j’ai ailleurs[1] assez développé mes idées à cet égard, pour qu’il soit superflu d’y insister davantage.

Ici, comme en Allemagne, personne ne comprend des professeurs ordinaires de l’université, qui doivent être des hommes depuis long-temps connus et entourés d’une certaine renommée, concourant comme d’obscurs maîtres d’école ou comme des jeunes gens, et subissant des épreuves très hasardeuses, devant des juges qui, à dire vrai, sont et doivent être incapables de les apprécier. En effet, que dans une faculté des sciences, par exemple, le professeur unique de mathématiques vienne à mourir, voilà les professeurs d’histoire naturelle, de physique, de chimie, etc., qui se trouvent juges d’un concours pour une chaire de mathématiques, lorsqu’ils ne sont pas ou peuvent ne pas être mathématiciens, et quand celui qui se présente doit leur être infiniment supérieur à tous dans cette branche spéciale de connaissances. Je suppose qu’à notre faculté des lettres, le professeur de géographie savante vienne à nous manquer ; comment veut-on que moi, professeur de l’histoire de la philosophie, je sois un juge compétent d’un concours de géographie ? Je refuserais assurément de traduire à ma barre M. Letronne ou M. Walkenaer. Je ne suis pas même en état d’être leur écolier, loin de pouvoir être leur juge ; mais j’aurais assez de lumières pour me trouver honoré qu’on me les donnât pour collègues. J’ai encore, il y a long-temps, exprimé mon opinion tout entière à cet égard[2], et, grace à

  1. Rapport, etc.
  2. Ibid.