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enseignement moral et religieux, parce que je ne crois pas que les pratiques extérieures du culte, fussent-elles même régulièrement suivies, suffisent à l’éducation morale et religieuse de la jeunesse, et que ces exercices, sans un enseignement qui les soutienne et les explique, sont plus dangereux qu’utiles dans un certain développement de l’esprit. Je veux un enseignement moral et religieux très général et sans acception d’aucune communion dans les écoles primaires, comme base commune de l’enseignement religieux positif que les différens cultes donneront dans l’église, le temple ou la synagogue. De même dans le collége, je réclame un enseignement religieux donné dans les murs mêmes du collége aux jeunes gens des différens cultes par les ministres de ces cultes, un enseignement chrétien qui suive les jeunes gens depuis leur entrée jusqu’à leur sortie du collége, qui les pénètre d’un respect éclairé et durable pour les grands monumens du christianisme, pour son histoire, pour les grandes vérités qu’il a mises dans le monde, et pour la sublime morale de l’Évangile. Maintenant vous me dites qu’un pareil enseignement est difficile à maintenir dans les limites de la tolérance et de la raison. J’en conviens avec vous ; je conviens encore qu’il vaut mieux que cet enseignement n’ait pas lieu, que s’il était fait dans un esprit de fanatisme ou de prosélytisme ou de dévotion mesquine et superstitieuse ; mais je vous donne ma parole que j’ai assisté en Allemagne à des leçons de religion, dans les écoles du peuple et dans les gymnases, qui m’ont pénétré d’admiration, et ce qui vaut encore mieux, qui m’ont donné à moi-même, au moins pendant cette heure fugitive, tous les sentimens que je voudrais voir s’enraciner dans le cœur de mes semblables.

Nous avons aussi agité la grande question de l’externat et du pensionnat dans l’instruction secondaire. Ici tout le monde est unanime contre le pensionnat, et M. Van Heusde m’a parlé comme M. Bax. L’école latine d’Utrecht est un externat comme celle de La Haye, et il n’y a pas en Hollande une seule école latine, un seul gymnase à pensionnat. Le pensionnat est absolument inconnu ; il n’existe ni dans les établissemens privés ni dans les établissemens publics. La vie domestique est trop forte en Hollande pour qu’un père de famille consente à abdiquer ses droits sur ses enfans de douze à dix-huit ans. J’ai demandé quel moyen on avait alors de connaître profondément chaque élève, et d’influer sur ses senti-