Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/469

Cette page a été validée par deux contributeurs.
465
VISITE À L’UNIVERSITÉ D’UTRECHT.

L’école latine d’Utrecht ne vaut pas mieux, comme école latine, qu’aucun des gymnases que j’ai vus ; et en même temps elle renferme un plan d’études moins varié et moins riche. Les écoles latines de Hollande ont donc beaucoup gagné depuis M. Cuvier ; mais il leur reste quelque chose à faire pour arriver au point où elles rempliront toute leur destination, et prépareront véritablement à l’université.

J’ai dit tout cela à M. Van Heusde, professeur de littérature grecque et de philosophie à l’Université d’Utrecht, un des curateurs de l’école latine, et qui avait bien voulu m’en faire les honneurs ; je lui ai dit tout cela, mais sans l’ébranler. M. Van Heusde est tout-à-fait dans les principes de M. Thiersch : il est humaniste et exclusivement humaniste en fait de collége. Pour moi, après avoir vu et comparé la France, l’Allemagne et la Hollande, je demeure convaincu que, dans l’instruction secondaire, les études classiques, les lettres grecques et latines doivent être le principal, car c’est là qu’est la vraie culture de l’esprit et de l’ame ; mais qu’en même temps il faut joindre aux bonnes lettres, aux humanités, l’étude des sciences exactes, sans lesquelles il n’y a plus aujourd’hui de vraies lumières, ainsi que l’étude des langues vivantes, sans lesquelles on n’appartient pas à la grande famille civilisée. Lorsqu’on prétend que cette simultanéité d’études est une chimère, et tourne au détriment de chaque branche en particulier, je réponds hautement par l’exemple des gymnases de Berlin que j’ai inspectés moi-même, et je soutiens qu’à Paris, quand on voudra être un peu sévère sur l’ensemble des études au baccalauréat ès-lettres, on obtiendra le même ensemble dans nos colléges. D’ailleurs ce n’est pas tant la force spéciale de telles ou telles études qu’il faut rechercher dans un collége ; c’est bien plutôt l’harmonie des diverses connaissances ; car c’est précisément cette harmonie qui constitue la bonne éducation. Ensuite les diverses facultés de l’Université, et plus tard les écoles spéciales, impriment à l’esprit une direction spéciale et cultivent fortement telle ou telle branche de connaissances humaines. Au fond, ai-je dit à M. Van Heusde, savez-vous quel est l’idéal de votre école latine ? un collège de jésuites. À l’exception du grec, qui était un peu négligé dans les colléges de la Société, les lettres latines y étaient très cultivées, et, à peu près, exclusivement cultivées. Qu’est-il sorti de