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VISITE À L’UNIVERSITÉ D’UTRECHT.

ment une école publique. Elle prospère ; on dit qu’elle sera bientôt en état de rembourser la somme avancée par la commission, et même de ne plus rien coûter à la ville.

Cette école contient deux classes, l’une pour ceux qui commencent, l’autre pour les plus avancés. Dans cette dernière on reste jusqu’à treize ou quatorze ans. On paie 40 florins dans la classe inférieure, et 75 dans la classe supérieure. Dans la même maison, mais dans une autre aile, est une école semblable pour les filles, dont la classe inférieure est seule en activité jusqu’ici.

J’ai examiné avec soin toute cette école, et je l’ai trouvée digne de sa bonne réputation.

Du moins puis-je assurer que je n’ai pas vu une seule école française en Hollande, pas même à La Haye, où la langue française soit aussi bien enseignée et poussée aussi loin que dans l’école d’Utrecht, dirigée par M. Julius. Cet excellent maître est Hollandais ; mais il a habité quelque temps la Belgique et il y a contracté une prononciation très pure. Les élèves les plus avancés sont assez familiers avec le français pour que j’aie pu les interroger en cette langue et sur le français et sur la géographie et sur l’histoire. J’ai pris les quatre élèves les plus forts et je leur ai fait des questions assez difficiles. Ils lisent fort bien le français, mais dans quels livres ? Toujours Numa Pompilius, que j’ai rencontré d’un bout de la Hollande à l’autre, et je ne sais plus quel ouvrage de Mlle Edgeworth traduit par Mlle de Sobry. En ma qualité de membre de l’Académie française, j’ai partout interposé mon autorité, et j’ai prié messieurs les inspecteurs primaires de vouloir bien introduire dans les écoles des ouvrages français véritablement classiques, par exemple le Télémaque, le Traité de l’existence de Dieu de Fénelon, et les Mœurs des premiers Chrétiens de Fleury. Je me suis permis de leur recommander la petite Grammaire française de L’Homond pour les commençans, et pour les plus forts, l’excellente Grammaire française de Gueroult. Ces jeunes gens m’ont véritablement étonné par la manière dont ils m’ont répondu sur l’histoire de France. Ils connaissent à merveille la succession des rois et les principaux évènemens de chaque règne. Ils possèdent parfaitement la géographie de la France, et je déclare que j’aurais été très satisfait si on m’eût aussi bien répondu dans une école du même degré à Paris. J’en ai fait sincèrement mes complimens au