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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

humain et ses applications, entre ses conceptions sur le monde et le monde lui-même, il est des rapports nécessaires, source d’idées profondes, qui ne ressortent jamais mieux que quand tout ce qui est appelé science se trouve rangé dans un ordre méthodique et réuni sous un seul coup d’œil.

On peut citer, comme exemple d’une classification artificielle des sciences, celle de l’Introduction de l’Encyclopédie où elles sont disposées suivant trois facultés que l’on considéra comme fondamentales dans l’intelligence ; la mémoire, la raison et l’imagination. Il en résulte (ce qui est, au reste, le vice de toutes les classifications artificielles) que les objets les plus disparates furent accolés les uns aux autres, et les plus analogues séparés. Ainsi l’histoire des minéraux, des végétaux, se trouve placée à côté de l’histoire civile ; la zoologie, séparée de la botanique par l’interposition, entre ces sciences, de l’astronomie, de la météorologie et de la cosmologie. M. Ampère, au contraire, a cherché une méthode naturelle qui rapprochât les sciences analogues et les groupât suivant leurs affinités. Comme il était parti d’un principe philosophique suivi avec rigueur, il en est résulté, dans son travail, une régularité remarquable. Voici quel est le principe qui y a présidé : Toute la science humaine se rapporte uniquement à deux objets généraux, le monde matériel et la pensée. De là naît la division naturelle en sciences du monde ou cosmologiques, et sciences de la pensée ou noologiques. De cette façon, M. Ampère partage toutes nos connaissances en deux règnes ; chaque règne est, à son tour, l’objet d’une division pareille. Les sciences cosmologiques se divisent en celles qui ont pour objet le monde inanimé et celles qui s’occupent du monde animé ; de là deux embranchemens qui dérivent des premières et qui comprennent les sciences mathématiques et physiques ; et deux autres embranchemens qui dérivent des secondes et qui comprennent les sciences relatives à l’histoire naturelle et les sciences médicales. La science de la pensée, à son tour, est divisée en deux sous-règnes dont l’un renferme les sciences noologiques proprement dites et les sciences sociales ; et il en résulte, comme dans l’exemple précédent, quatre embranchemens. C’est en poursuivant cette division qui marche toujours de deux en deux, que M. Ampère arrive à ranger, dans un ordre parfaitement régulier, toutes les sciences, et à les mettre dans des