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savoir, que l’électricité n’agit sur le magnétisme qu’autant qu’elle est en mouvement. En effet, le physicien danois, mettant en action la pile voltaïque et plaçant l’aiguille aimantée à portée du fil métallique qui en réunit les deux pôles, remarqua que l’aiguille est déviée de sa direction et qu’elle tend à se placer en croix avec le fil conducteur du fluide électrique. Voilà le fait dans sa simplicité primitive, fait qui ouvrit une vaste carrière aux découvertes et qui enrichit la science, en un court espace de temps, d’observations fécondes et de belles théories.

Ce ne fut pas M. Œrsted qui s’engagea dans cette route : le fait bien observé, il l’interpréta mal. Les accidens très variés du phénomène lui firent illusion ; il ne sut rien y voir de constant, et il n’était pas assez maître de l’analyse mathématique pour ramener à un principe commun les mouvemens complexes qu’il observait. En effet, le pôle de l’aiguille aimantée qui se tourne vers le nord, est, par l’influence d’un courant électrique, porté soit vers l’orient, soit vers l’occident, suivant que le courant, auquel on donnera la direction du nord au sud, passe au-dessus ou au-dessous de l’aiguille. Les complications qui naissaient de ces variations et d’une foule d’autres analogues embarrassaient beaucoup les physiciens. M. Œrsted supposa, pour expliquer les phénomènes, une sorte de tourbillon électrique qui, semblable aux tourbillons de Descartes, circulait en dehors du fil conducteur perpendiculairement à ce fil, entraînait l’aiguille, et la dirigeait de manière à la mettre perpendiculaire à la ligne de la plus courte distance qui la séparait du courant. Cette explication n’était, pour ainsi dire, que la reproduction du fait lui-même, contenait une hypothèse gratuite, et n’offrait aucun moyen de retrouver géométriquement les phénomènes particuliers dans une formule générale. Ce n’était point là une théorie dans la bonne acception du mot ; ce n’était qu’une manière d’exprimer que l’aiguille aimantée se met en croix avec la direction du courant électrique. Mais cette idée, émise par M. Œrsted, sans qu’il y attachât beaucoup d’importance, était tout-à-fait inacceptable pour les géomètres ; car, en supposant gratuitement une action rotatoire, elle renversait le principe même de la philosophie de Newton, principe suivant lequel toute action, attractive ou répulsive, entre deux corps, s’exerce suivant la ligne droite qui les unit.