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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 janvier 1837.



La scène est changeante et mobile. Nous étions, il y a quinze jours, dans les importantes discussions d’une des plus graves questions de politique étrangère qui se soient présentées depuis six ans ; nous voici maintenant ramenés à la nécessité de défendre pied à pied nos droits et nos libertés intérieures. Un évènement a tout changé : l’acquittement des accusés de Strasbourg.

Qu’ont voulu dire les jurés en déclarant la non-culpabilité d’hommes qui avaient eux-mêmes tout avoué ? Est-ce une approbation donnée à la révolte et à l’usurpation ? Nullement. Le jury alsacien n’a fait acte ni d’insurrection ni de bonapartisme ; il n’a été frappé que d’un fait et n’a obéi qu’à un seul principe ; il n’a vu que l’absence du prince Louis et l’égalité devant la loi ; il n’a pas voulu que le plébéien fût frappé là où un neveu d’empereur était épargné. Il n’a senti que la nécessité de venir au secours de l’égalité démocratique ; il n’a rien aperçu au-delà. Ce n’est pas l’affaire d’un jury d’étendre ses prévisions sur tous les élémens de l’intérêt public : il est vivement impressionné par un fait ou par un principe, et il prononce sous l’empire de cette impression exclusive. Mais