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REVUE DES DEUX MONDES.

Viendra toujours calmer ton cœur désespérant.
Qu’importe que le jeu de mes forces sublimes,
Sur la verte planète et dans ses noirs abîmes,
Soit en quelques endroits empêché par des nains ?
Qu’importe que le bras des orgueilleux humains
S’attaquant à la terre, à ses formes divines,
Écorche son beau sein du fer de leurs machines ?
Qu’importe que doués des puissances du ciel
Ils changent à leur gré l’habitacle mortel,
Quels que soient les efforts de l’homme et de sa race,
Que du globe soumis inondant la surface,
Il soit pour la matière une cause de fin
Ou de perfection un instrument divin ?
Ô mon enfant chéri ! — jusqu’au jour où la terre,
Comme le grain de blé qui s’échappe de l’aire
Et qu’emportent les vents aux champs de l’infini,
Aura développé son radieux épi ;
Jusqu’au jour où, semblable à la fleur qui se passe,
Par la main du Seigneur effeuillée en l’espace,
Elle ira reformer un globe en d’autres lieux
Et fleurir au soleil de quelques nouveaux cieux ;
Toujours ô mon enfant, toujours les vents sauvages
De leurs pieds vagabonds balayeront les plages ;
La mer réfléchira toujours dans un flot pur
Et l’océan du ciel et ses îles d’azur ;
Comme un ardent lion aux plaines africaines,
Le soleil marchera toujours en ses domaines,
Dévorant toute vie et brûlant toutes chairs ;
On entendra toujours frissonner dans les airs
De grands bois renaissans, des verdures sans nombre,
Pour faire courir l’onde et faire flotter l’ombre ;
Toujours on verra luire un sommet argenté,
Pour les oiseaux divins, l’aigle et la liberté.