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LE PILOTE.

Un jour un homme au large et froid cerveau
Déchaîne les chiens de la guerre,
Leur dit : carnage ! et lance le troupeau
Sur l’Océan et sur la terre ;
Pour exciter leurs sombres aboîmens.
Tenir leurs gueules haletantes,
Il met en flamme, et les moissons des champs,
Et les toits des villes croulantes ;
Dans le sang pur il fait marcher les rois,
Et bravant son peuple en furie,
Charge l’impôt et ses énormes poids
Sur l’épaule de la patrie ;
Et puis enfin, succombant au fardeau,
Faible, épuisé, manquant d’haleine.
Avant le temps, sans jeunesse, au tombeau
Il descend dévoré de haine.

Et tant de mal, pourquoi ? Pour rendre vain
L’effort de cette pauvre France,
Qui, l’œil en feu, criait au genre humain :
Le monde est libre, qu’il avance !
Pour arracher à ses baisers brûlans
Le front de sa sœur l’Angleterre,
Qui cependant après quinze ou vingt ans,
Remise à peine de la guerre,