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REVUE DES DEUX MONDES.


Horrible ! horrible ! ah ! si la terre
Manquant à chacun de vos pas,
Au ciel alors, pauvre insulaire,
Vous pouviez tendre les deux bras ;
Si le pur soleil avec force,
Comme un vieux chêne sans écorce,
Réchauffait vos membres raidis,
Et si le Dieu qui nous contemple,
Ouvrant les portes de son temple,
Donnait un refuge à ses fils ;

Peut-être… mais vers la lumière
Qui peut ici tourner les yeux ?
Pourquoi relever la paupière ?
Le plafond est si ténébreux.
Notre terre toujours exhale
Une vapeur noire, infernale,
Qui nous dérobe l’œil divin ;
Londres, toujours forge allumée,
Londres, toujours plein de fumée,
Nous fait au ciel un mur d’airain.

Puis pas une église entr’ouverte ;
Si quelqu’une l’est par hasard,
Une voûte creuse et déserte
Et de l’ombre de toute part.
Pas un christ et pas une image
Qui vous redresse le visage
Et vous aide à porter la croix ;
Pas de musique magnanime,
Pas un grain d’encens qui ranime :
Rien que des pierres et du bois.

Et dehors la rue est boueuse,
L’air épais, malsain, glacial,
Il pleut… Oh ! la vie est affreuse
À traîner dans ce lieu fatal.
L’ame qui veut briser sa chaîne,