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LA LYRE D’AIRAN.

Quand l’Italie en délire,
L’Allemagne aux blonds cheveux,
Se partagent toutes deux
Les plus beaux fils de la lyre,
Hélas ! non moins chère aux dieux,
La ténébreuse Angleterre,
Dans son île solitaire,
Ne sent vibrer sous sa main
Qu’un luth aux cordes d’airain.
Ah ! pour elle Polymnie,
La mère de l’harmonie,
N’a que de rudes accens,
Et le bruit de ses fabriques
Sont les hymnes magnifiques
Et les sublimes cantiques
Qui viennent frapper ses sens.



Écoutez, écoutez, enfans des autres terres !
Enfans du continent, prêtez l’oreille aux vents
Qui passent sur le front des villes ouvrières,
Et ramassent au vol comme flots de poussières
Les cris humains qui montent de leurs flancs !
Écoutez ces soupirs, ces longs gémissemens
Que vous laisse tomber leur aile vagabonde,
Et puis vous me direz s’il est musique au monde