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DES
POÈTES ÉPIQUES.

iii.
L’ÉPOPÉE FRANÇAISE.[1]

Au moment où le génie païen venait de disparaître, on entendit un chœur de voix sortir du fond des catacombes ; c’était le chant de l’éternelle poésie qui ressuscitait avec le Christ. Durant quatre siècles les litanies des martyrs formèrent l’épopée de l’avenir. L’art chrétien naquit dans un tombeau, comme la société chrétienne.

Pendant que Rome s’écroule, l’hymne ecclésiastique retentit comme la trompette du jugement dernier ; depuis saint Ambroise jusqu’à saint Bernard, un éternel Te Deum, qui passe de bouche en bouche, célèbre en des mots différens l’humanité perdue et rachetée. Ce chant immense de l’église, prolongé de génération en génération, fait le lien de la société qui n’est plus et de la société nouvelle. Il occupe dans la civilisation des modernes la place du chœur dans la civilisation grecque. Quand tous les empires

  1. Voyez les livraisons du 15 mai et 15 août 1836.