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quences, tous ses enfantemens et toutes ses hécatombes, ne sont que des accessoires, n’occupent que le second plan ! Quel est donc cet acteur que vous avez trouvé de taille à remplir le premier ? À quel intérêt possible avez-vous subordonné celui-là ? Mon Dieu ! la révolution française enchâssée entre parenthèses dans l’histoire des divagations fantasques d’un Allemand qui n’est ni un Allemand ni un homme ; heureusement pour l’Allemagne et pour l’espèce humaine ! la révolution française donnée pour repoussoir et pour piédestal à une véritable caricature, à un avorton sans forme et sans nom !

Mais non, ce n’est pas là la révolution française. C’est une caricature de révolution, comme le prince de Wolfenbuttel est une caricature de prince, d’Allemand et d’homme. Là, Mirabeau est un charlatan bel esprit, babillard et vantard comme un marchand d’orviétan. Tantôt Barnave fait office d’entremetteur pour mener à fin la sensation incomplète, tantôt c’est un sorcier de mélodrame, une espèce de solitaire de la famille de celui de M. d’Arlincourt. C’est le génie des apparitions nocturnes, l’Adamastor de la cour de marbre et des carrefours du bois de Saint-Cloud. Encore, s’il n’était que cela ! Mais Barnave tribun, Barnave amoureux de la reine, Barnave envoyé au-devant des fugitifs de Varennes, lorsqu’il les rencontre entourés d’une multitude en fureur qui les charge d’imprécations, entourés de piques qui leur tendent des têtes sanglantes ; Barnave, dans un pareil moment, au milieu des complications de ses passions personnelles et de sa position officielle, a le cœur et l’esprit assez vides, assez bas pour pouvoir y donner place au soin de la sensation incomplète ! « Voilà la femme du bal masqué, dit-il à l’Allemand en lui montrant enfin sa cousine Hélène. Embrassez-la donc, et complétez votre sensation, le temps presse. » Et le roman s’arrête là ! Et la révolution française est congédiée comme un homme de peine qui a fini sa besogne ! Et l’œuvre de Barnave est consommée ! Il a complété la sensation du prince allemand ! Quelle profanation !

Une autre tentative historique de M. Janin, aussi malheureuse, je crois, mais bien moins coupable que celle-là, c’est le cours qu’il a commencé et non fini à l’Athénée sur l’histoire du journal. Le programme, qui a été inséré dans la Revue de Paris, promettait. M. Janin a la main faite aux programmes et aux prospectus. Celui-ci fut