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est arrivé, il ne veut plus de lui. Enfin des circonstances qu’on ne sait comment reproduire, le mettent sur la voie d’un autre confesseur qu’il croit digne de recevoir son dépôt. Mais l’adresse de ce confesseur est un secret terrible ; pour se la procurer, il séduit une jeune fille qui la porte écrite et cachée dans son sein. La pauvre jeune fille cède à son amour ; mais lui n’en veut qu’au billet qui contient l’adresse, et quand il a enlevé ce trésor à Juana, il la tient quitte du reste. Mandé par lui, le confesseur arrive, et le pénitent refuse encore de parler, on ne sait pourquoi. Que vous dirai-je ? Il finit par se confesser et il en devient fou ; dites-moi pourquoi ? puis prêtre, et le roman s’arrête là. Pourquoi là et non en-deçà ou au-delà ? je n’en sais rien. Ces deux volumes forment un livre dont le commencement est partout, le milieu partout, la fin partout, la raison nulle part. Ce n’est pas une action dramatique, ce n’est pas un roman de caractère, ce n’est pas un roman d’intrigue. L’auteur donne à penser, dans une épigraphe qu’il a placée en tête, que ce pourrait bien être une épigramme délayée en forme de roman. C’est déjà un pas fait vers la découverte du genre auquel appartient cette production singulière. Pour moi, je l’appellerais tout bonnement un recueil d’énigmes travesti en roman ; recueil qui ne fait honneur ni au roman ni à l’énigme.

Il fallait un beau triomphe à M. Janin pour racheter cette chute désastreuse. Le voici enfin qui monte à son capitole : il entre au Journal des Débats. Ce fut en 1830, dans l’année qu’il avait ouverte par la publication de la Confession. Il avait quitté la Quotidienne lors de l’avénement du ministère Polignac, et avant de prendre aux Débats le sceptre littéraire du feuilleton, il s’était exercé dans le premier-Paris à faire de l’opposition contre le pouvoir politique. On ignore assez communément qu’il a fait de la politique au Journal des Débats avant d’y faire de la littérature. Par politique de M. Janin, il faut entendre, sans doute, quelques bons articles d’opposition en beau langage, quelques vives et poétiques colères, drapées dans un style ample et étoffé. Au reste, on en peut trouver un échantillon dans le dernier numéro du journal qui précède les journées de juillet. Cet article clôt, pour le Journal des Débats, la période de son opposition libérale, et il est séparé, par un repos de trois jours, de celui qui ouvre la période nouvelle.