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passe en Hollande pour un établissement vraiment normal. C’est sur ce modèle qu’a été fondé depuis l’asile de Deventer, et quand la commission des écoles de Rotterdam voulut établir aussi un asile dans cette ville, elle envoya la personne qu’elle voulait mettre à la tête de cette petite école, avec les deux aides qu’elle se proposait de lui donner, pour se former quelque temps et s’exercer auprès de l’école gardienne de Zwolle. Il n’y a pas d’autres salles d’asile publiques en Hollande que ces trois-là. C’est un grand tort et une très fâcheuse inconséquence. Si on établit des écoles gratuites pour les pauvres depuis cinq ou six ans jusqu’à douze, comment ne point établir des asiles gratuits pour ces mêmes pauvres de deux ans jusqu’à l’âge d’aller à l’école ? Toute école de pauvres doit renfermer un asile gratuit. De cette manière, l’asile est la pépinière de l’école ; l’un prépare et conduit à l’autre, et l’un et l’autre réunis forment un seul et même établissement. De même, à la plupart des écoles primaires payantes, il serait bon qu’un asile payant fût attaché. Mais il faut bien se garder de mêler dans l’école et dans l’asile deux sortes d’enfans, les uns qui paient, les autres qui ne paient pas ; vous humiliez les pauvres par ce contraste, et par le voisinage des pauvres vous repoussez ceux qui peuvent payer, et dont les familles ne veulent pas avoir l’air d’envoyer leurs enfans à une école gratuite, outre qu’il n’est pas en effet sans inconvénient de mettre un enfant d’une certaine classe de la société, propre et déjà façonné à d’assez bonnes manières, à côté d’un enfant soumis, mais grossier, bien lavé, mais très mal vêtu. Des salles différentes dans le même établissement ne suffisent même pas. L’asile pour les enfans pauvres et l’asile payant doivent avoir des bâtimens distincts. L’asile gratuit est le plus nécessaire et en même temps le plus facile à établir. Une propreté sévère sans délicatesse, un peu d’instruction très élémentaire, et beaucoup de jeux fortifîans, voilà qui suffit. Il faut que les enfans soient dans l’asile gratuit comme ils seraient dans une famille pauvre mais honnête ; car si l’asile dégoûte du foyer domestique, il fait plus de mal que de bien. L’asile payant doit être plus soigné sans recherche, de sorte que la mère de famille un peu à son aise, qui, par une raison ou par une autre, ne veut pas garder ses enfans à la maison, puisse avec sécurité les envoyer à un asile convenable, où ils trouveront des enfans de la même classe que celle à laquelle ils