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REVUE
MUSICALE.

Le Théâtre-Italien poursuit, cet hiver comme l’autre, une carrière glorieuse. Quoi qu’on dise, c’est encore là chez nous un plaisir jeune et vivace, et qui ne fait point mine de vouloir passer le moins du monde. Que de très grands critiques, pris d’un beau désespoir, s’écrient dans leur emportement que l’art n’a rien à gagner à ce culte des maîtres anciens : d’accord ; que le germe sonore de la musique à venir ne peut, en aucune façon, se trouver dans le champ du passé : à merveille ; que tout cet enthousiasme pour un homme qui n’écrit plus est simplement une affaire de mode : nous sommes fort de cet avis. Qu’on nous permette seulement de dire que la mode fait preuve cette fois, plus qu’à l’ordinaire, de discernement et de bon goût. La mode qui fuit les fredons et les ariettes pour la véritable musique, qui néglige Taglioni pour écouter chanter Lablache et Rubini, ne me semble pas si dépourvue de sens commun ; et la raison qui viendrait la tancer trop vertement à cette occasion, pourrait bien passer pour une sotte. L’opéra italien réussit ; en vérité, comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? Il y a là Mozart, Cimarosa et Rossini pour les grands jours, et dans les intervalles Bellini et Donizetti, avec leurs interprètes merveilleux. Ici, c’est le génie de l’œuvre qui nous attache ; là,