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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 décembre 1837.


À peine complétée par les élections de la Corse et de Ploërmel, la nouvelle chambre des députés a déjà un vide à combler dans ses rangs, par la mort de M. Semerie, compatriote et ami de M. Thiers. M. Semerie, jeune encore, avait succédé, comme procureur-général d’Alger, à M. Réallier-Dumas, qui occupe aujourd’hui les mêmes fonctions en Corse, et qui a cessé de faire partie de la chambre. Le ministère n’a pas encore remplacé M. Semerie dans la direction du parquet d’Alger, qui devient de jour en jour plus importante, à mesure que la domination française s’affermit et s’enracine dans la régence, et que le vœu d’une occupation large, féconde, progressive, se prononce de toutes parts avec une irrésistible énergie.

Les chambres vont donc s’ouvrir ; les partis vont donc se trouver en présence ; tous les calculs de majorité, d’opposition, d’équilibre, de centre droit et de centre gauche, auxquels on se livre depuis un mois, vont subir la décisive épreuve du scrutin, et on va savoir, pour quelque temps du moins, de quel côté souffle le vent de la puissance parlementaire. Nous croyons, nous, que ce sera légèrement à gauche ; d’autres, il est vrai, disent non, mais pour l’avenir seulement, à ce qu’il paraît, car pour le passé ils adoptent pleinement la marche que le vaisseau ministériel a suivie sous cette influence. Amnistie, dissolution de la chambre, abandon de la loi d’apanage, des lois de déportation et de non-révélation, adoucissement général du système de résistance ; tout cela, ils l’approuvent, et s’ils ne l’ont pas fait, vraiment ils en sont au désespoir, et il y a de quoi. C’est toujours quelque chose de gagné ; et puisqu’on s’exécute maintenant de si bonne grace, il n’y aura pas de récriminations à essuyer contre une politique sanctionnée par l’approbation de ceux-là mêmes qu’elle condamne. Aussi doit-on s’attendre à les voir s’applaudir les premiers de la situation dont le ministère ne manquera pas de retracer le tableau dans le discours de la couronne. Jamais il n’y aura eu dans une chambre de députés plus de monde satisfait à la fois.