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bouffonnerie grotesques et d’une certaine éloquence évangélique, dont le discours du capucin, dans le Camp de Schiller, est une reproduction achevée, et qu’on retrouve chez les prédicateurs macaroniques du xvie siècle. C’est l’abus d’un principe qui a en soi quelque chose de respectable ; c’est le familier poussé jusqu’au plaisant, le populaire outré jusqu’au burlesque.

Ce premier échantillon de l’homélie chrétienne que nous rencontrons sur notre chemin nous offre un exemple frappant du fait que je signale. La faim qui mangera les animaux, s’ils ne mangent pas, est un jeu de mots destiné à faire rire un auditoire grossier, et le ratelier est un terme de comparaison peu relevé pour désigner la sainte table.

Du reste, nous n’avons pas le droit de nous trop scandaliser, si, à propos des dogmes les plus élevés de la religion, saint Paulin parle d’étable et de crèche, car l’orateur chrétien pourrait nous répondre : Oui, je me suis servi de ces mots qui vous semblent vulgaires ; oui, j’ai fait allusion à ces objets que vous méprisez ; mais souvenez-vous que c’est d’une étable, d’une crèche, qu’est sorti le libérateur du monde !


J.-J. Ampère.