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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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30 novembre 1837.


Une question grave et délicate, contre laquelle s’est brisé le ministère du 11 octobre, s’agite depuis quelques jours dans le public, dans la presse, et dans le sein du cabinet, non moins que dans les coulisses de la Bourse. C’est celle de la conversion du 5 pour 100, qui, après avoir long-temps cessé d’occuper l’esprit public, a surgi tout à coup, on ne sait trop comment, du milieu des élections, comme une question nouvelle et inattendue. Un jour, en effet, que le 5 pour 100 avait éprouvé une forte baisse, on s’est avisé que le mot de conversion avait été prononcé dans les colléges électoraux, que l’engagement de provoquer ou d’appuyer cette mesure était au nombre des promesses faites par beaucoup de candidats, et que l’opportunité d’en venir à l’exécution, car ce n’est plus aujourd’hui qu’une affaire de temps, serait infailliblement discutée dans le cours de la prochaine session. De là les bruits plus circonstanciés qui ont aussitôt couru, et l’ébranlement communiqué à l’opinion par le mouvement tumultueux des intérêts divers que touche une mesure de ce genre.

Quand on envisage la question de sang-froid, on ne la trouve point telle que la représentent des opinions également exagérées, une source de tous biens, ou une boîte de Pandore. On y voit un moyen d’économies désirables, mais dont la réalisation sera très lente ; un droit incontestable, mais dont l’exercice aura des rigueurs que la sagesse du législateur devra tempérer ; une opération très praticable sous plusieurs formes, mais qui pourrait être suspendue dans son cours par certains évènemens dont la probabilité doit entrer en ligne de compte ; enfin une facilité de plus pour l’industrie qui se procurera des capitaux à meilleur marché, mais aussi un nouvel aliment à l’agiotage et un remuement dans les fortunes qui fera bien quelques victimes. À côté d’avantages incontestables, il y a donc ici des inconvéniens assez nombreux. En établir l’exacte balance serait peut-être chose diffi-