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DE L’ART RELIGIEUX EN FRANCE.

gression, on peut nourrir l’espérance d’une victoire prochaine. Il nous sera peut-être donné de voir de nos yeux des évêques qui ne rougiront pas d’être architectes, au moins par la pensée, comme leurs plus illustres prédécesseurs, et aussi décidés à repousser de leurs églises l’indécent, le profane, les innovations païennes, qu’à anathématiser une hérésie ou un scandale. Peut-être alors verrons-nous encore des artistes qui comprendront que la foi est la première condition du génie chrétien, et qui ne rougiront pas de s’agenouiller devant les autels qu’ils aspirent à orner de leurs œuvres. Quant à nous, si nos faibles paroles avaient pu ranimer quelque courage éteint ou porter une seule étincelle de lumière dans un esprit de bonne foi, notre récompense serait suffisante, et notre alliance se trouverait ainsi consommée avec ces jeunes artistes qui se dévouent à faire rentrer dans l’art consacré au christianisme ces caractères de pureté, de dignité et d’élévation morale, seules dignes de la majesté de ses mystères et de ses destinées immortelles. Tous ensemble, ne perdons pas courage, et saluons cet avenir qui doit remettre en honneur la loi antique et souveraine de l’art, cette loi qui proclame que le beau n’est que la splendeur du vrai[1].


Le comte de Montalembert.

  1. Cet article servira d’introduction à la Collection des monumens de l’histoire de sainte Élisabeth, composée de trente planches in-folio, qui représentent divers travaux de peinture et de sculpture des anciennes écoles, ainsi que d’Overbeck et de son école contemporaine, et publiée par M. Boblet, quai des Augustins, 37.