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on ne songeait pas d’abord, sont devenues, pour beaucoup de gens, un sujet facile de correspondance avec l’Institut. Il fallait une explication : sont-ce donc des corps formés à l’instant de leur apparition par des élémens d’abord répandus dans l’espace à l’état de gaz ? C’est ainsi que de célèbres astronomes ont tenté d’expliquer la formation des corps célestes en général et de notre système planétaire en particulier. Les étoiles nébuleuses qui sont des endroits du ciel étoilé, rendus plus clairs par une lumière diffuse et indécise, leur ont paru être des mondes en voie de formation ; la condensation successive de ces nébulosités produira, disent-ils, comme il est arrivé pour notre monde, des planètes circulant dans des orbites concentriques, autour d’un nouveau soleil. Cette supposition montrerait assez bien comment peuvent se former les étoiles filantes et les globes de feu dans les différens points du ciel, et comment ces corps en état d’ignition par suite de leur mode de formation, se meuvent dans diverses directions. Mais pour le phénomène périodique du 12 au 13 novembre, il nous faut quelque autre chose. Sont-ce des débris de planètes, des planètes en miniature, des astéroïdes, comme on a proposé de les nommer ? Ces corps circuleraient autour du soleil, et, obéissant à l’attraction des autres corps célestes, traverseraient notre atmosphère avec une rapidité si grande, qu’ils s’échaufferaient au point de devenir lumineux. Cette deuxième supposition, qui suffirait encore pour les étoiles filantes de tous les jours, ne saurait expliquer cette nuée d’étoiles filantes que nous rencontrons tous les ans. Il a donc fallu recourir à une troisième hypothèse ; et pour la plus grande satisfaction des amateurs d’étoiles filantes, on l’a trouvée, cette raison, en imaginant autour du soleil une atmosphère toute parsemée de ces petits corps et formant une nébuleuse d’une espèce particulière. On avait bien eu besoin déjà de cette atmosphère solaire pour expliquer un phénomène connu sous le nom de lumière zodiacale, et qui consiste en une large bande lumineuse qu’on aperçoit, en certains temps, dans la direction du zodiaque au-dessus du point où le soleil vient de se coucher. Toutefois cette nébuleuse solaire qu’on avait presque oubliée est venue fort à propos s’allonger précisément vers le point de l’orbite terrestre que nous devons traverser le 12 novembre. Et voilà la cause de ces pluies d’étoiles filantes qui ont fait l’admiration des Américains aux États-Unis.

Mais les observateurs d’étoiles filantes ont promptement reconnu que ce n’est pas seulement le 13 novembre qu’on peut jouir du spectacle de ces légers phénomènes ; la nuit du 10 août a offert dans ces deux dernières années un si grand nombre d’étoiles filantes, qu’il faudra sans doute supposer pour cette époque un autre prolongement de la nébuleuse solaire ; et si, comme on peut l’espérer, d’autres belles nuits parsemées d’étoiles filantes obligent à supposer d’autres prolongemens encore, on finira par penser que nous sommes toujours dans la nébuleuse, ce qui n’éclaircira point du tout la question.

Cette année, il faut le croire, sans la malencontreuse clarté de la pleine