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comparés des idiomes sémitiques. C’est ainsi, continue-t-il, qu’on démontrerait les rapports du mot copte sêou être rassasié, avec les mots hébreux sfa, sba, qui ont une signification analogue. » Sur ce premier exemple, je ferai remarquer que la finale ou du mot égyptien paraît n’être point autre chose qu’une désinence passive, ce qui écarterait toute ressemblance.

Deuxième exemple. « La science, la connaissance, s’explique par l’emploi métaphorique du mot de plénitude, La science est la plénitude et la nourriture de l’esprit. Au copte sbo, science, nous trouvons à comparer un mot arabe, signifiant il a contenu, il a renfermé dans son cœur, etc. Horapollon, sur l’autorité duquel s’appuie M. Lenormant pour assigner au mot sbo le sens de plénitude de l’esprit, Horapollon dit que celui dont la nourriture est assurée apprend les lettres, et que celui pour lequel il n’en est pas de même apprend un métier. De là vient, ajoute-t-il, que le mot sbo, signifiant instruction, s’interprète nourriture complète. On voit qu’il n’est nullement question ici de la plénitude et de la nourriture de l’esprit. Passons au troisième exemple.

« L’idée de temps et celle de complément sont identiques (je cite textuellement). Les temps sont accomplis ; c’est une métaphore des plus communes. Les Égyptiens expriment aussi l’idée de temps par le mot sêou. À ce mot copte répond l’hébreu souf, fin, complément, etc. » L’identité résultant de ce que deux idées sont fréquemment employées ensemble ! J’aime mieux croire que je n’ai pas compris.

Quatrième exemple. « L’idée de remplir et celle d’accumuler sont très voisines ; l’hébreu dit isf, il a accumulé, il a ajouté ; l’égyptien exprime par souo, le blé, le grain que l’on amasse. » Je saisis difficilement le rapport qui rattache l’idée blé à l’idée accumuler ; tout objet susceptible d’être accumulé figurerait ici tout aussi convenablement que le blé.

« Je continue, dit M. Lenormant à la suite de ce quatrième exemple, je continue d’indiquer les différens emplois du même radical, sans plus marquer la liaison des idées, que l’esprit du lecteur suivra de lui-même. » Nous avons eu trop de peine à le suivre quand il marquait la liaison des idées, pour être tentés de le faire quand cette liaison cesse d’être marquée. Nous bornerons donc aux exemples ci-dessus l’examen des considérations neuves exposées par M. Lenormant. Ces exemples suffisent et au-delà pour démontrer, non pas l’identité fondamentale de la langue égyptienne et de l’hébreu, mais la pleine bonne foi de l’auteur lorsqu’il nous disait plus haut : « Le résultat