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SOCIALISTES
MODERNES.

ii.
Charles Fourier.

Depuis que des idées de réforme sociale ont été jetées dans la circulation, nous savons des prosélytes ardens qui s’éveillent chaque matin avec l’espoir d’assister, dans la journée, à leur avénement et à leur triomphe. Il nous fâche de troubler ces rêves enthousiastes, et de ramener au vrai des esprits qui se passionnent peut-être avec plus de chaleur que de connaissance de cause ; mais ce serait une direction fatale, à notre sens, que celle qui tendrait à livrer aux hasards de la polémique courante des questions mystérieuses encore, moins mûres qu’on ne se plaît à le croire, et qui attendent beaucoup des hommes et du temps, des hommes une valeur d’application, du temps une consécration finale. Évitons donc, avant tout, de faire un objet d’engouement irréfléchi de ce qui doit être le but d’études longues et persistantes.

On s’abuserait en outre d’une façon bien étrange, si l’on supposait que les révolutions se manifestent, dans l’ordre social, sous une forme aussi vive et aussi rapide que dans l’ordre politique. Produit de la force matérielle, un mouvement politique s’illumine de tant d’éclat, pèse avec tant de vigueur, commande avec tant d’auto-