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LES CÉSARS.

ii.[1]

TIBÈRE.


Chaque époque a son secret, ses passions, ses crises ; ses contradictions se résument en un mot qu’il faut chercher comme un mot d’énigme. Mais il ne faut pas constamment le chercher bien haut ; le secret d’une époque n’est pas toujours un symbole mystagogique ou une philosophique abstraction ; souvent, en le cherchant au ciel, vous marchez dessus.

La clé de cette époque, je crois l’avoir trouvée sur les bancs d’une école. Et pourquoi pas ? Où se font les hommes ? C’est à l’école. D’où datent nos convictions les plus fermes, nos pentes les plus entraînantes, nos préjugés les plus indéracinables ? C’est de l’école.

Voyons ce qu’était l’éducation romaine. La morale publique à Rome était toute dans le patriotisme ; il est vrai que ce patriotisme n’était pas comme chez nous une sentimentalité plus ou moins vague, un amour de quelque chose que l’on définit assez mal, fécond en phrases, pauvre en actions. Le patriotisme antique était ceci : La chose publique est dieu ; et dieu ne vous doit rien ; et vous lui devez tout ; corps et ame, vie et biens, vous-même et autrui.

  1. Nos lecteurs verront sans doute avec plaisir M. F. de Champagny reprendre ses études sur la Rome impériale. Le premier article de cette série, qui a paru dans la livraison du 15 juillet 1836, a été justement apprécié, et nous regrettions l’ajournement d’une publication de travaux qui nous paraissent bien propres à répandre des idées plus justes et plus saines que celles qu’on a communément sur l’antiquité.

    (N. d. D.)