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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 octobre 1837.


Après quelques jours d’incertitude et de pénible attente, on a enfin reçu, le 23, à Paris, une dépêche télégraphique du général Valée, qui annonçait la prise de Constantine. Mais cette signature seule annonçait en même temps une grande perte. Le gouverneur-général des possessions françaises en Afrique, commandant en chef de l’expédition, M. le général Damrémont, avait trouvé, le 12, une mort glorieuse sous les murs de Constantine, la veille même du triomphe de nos armes. M. Valée, le plus ancien des lieutenans-généraux présens, avait pris aussitôt le commandement du siége, et il a recueilli la plus belle part d’un succès que ses dispositions savantes, sa fermeté, sa vieille expérience, avaient tant contribué à préparer. M. Valée avait fait, en se rendant à Constantine, un sacrifice qui coûte toujours beaucoup au cœur d’un vieux général ; il s’était résigné à servir sous les ordres d’un officier moins ancien que lui, et ce sacrifice, il l’avait fait sur les pressantes instances du roi et de M. le président du conseil, pour assurer, autant qu’il était en lui, un résultat dont l’honneur des armes françaises en Afrique et l’avenir de notre domination en ce pays dépendaient également. Les évènemens ont pris à tâche de justifier les prévisions qui avaient porté M. Molé à réunir pour l’expédition de Constantine un ensemble de moyens extraordinaires. Il a été heureux qu’après la mort du général Damrémont, la confiance du soldat fût soutenue par la présence d’un chef aussi digne d’en inspirer que M. Valée, et aujourd’hui sans doute il se félicite lui-même d’avoir rafraîchi en Afrique ses vieux lauriers.

Préoccupé des pertes cruelles faites par l’armée dans cette glorieuse expédition et des embarras qu’une pareille conquête entraîne après elle, le général en chef s’était borné, dans son rapport officiel, à constater les résultats acquis et les premières mesures d’urgence adoptées pour se maintenir en possession de la place. Mais avant que le temps lui eût permis de signaler, dans un rapport plus circonstancié, la belle conduite de M. le duc de Nemours, les applaudissemens de l’armée entière ont retenti jusqu’en France. Toutes les correspondances de l’armée, accueillies sans défiance par les journaux