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RÉFORMISTES D’ÉCOSSE.

férens districts de l’Écosse et leur fait adopter une résolution qui tend à la concentration de leurs forces. Cette résolution établit une assemblée centrale formée de délégués des provinces. Cette assemblée se réunit à Glasgow, le 30 octobre 1792, au Star-Hotel, et prend le nom de Convention générale d’Écosse. Les délégués présens se déclarent société permanente des amis de la constitution et du peuple. Le colonel Dalrymple est nommé président de l’assemblée, et Thomas Muir secrétaire. Le premier acte de la Convention dont Muir dirige les travaux est de se mettre en rapport avec les sociétés populaires de Londres, à l’effet d’obtenir, par tous les moyens légaux et constitutionnels en leur pouvoir, la réforme électorale et parlementaire, de courts parlemens, etc., etc.

Pendant les mois qui suivent, la Convention s’assemble plusieurs fois, soit à Édimbourg, soit à Glasgow. Les conventionnels s’attachaient, dans leurs actes, à ne pas sortir des limites tracées par la constitution, qui, du reste, permettait beaucoup. Leur langage, quoique plein d’enthousiasme et d’espérances, n’a cependant rien de séditieux. Le but avoué de chaque réunion est la délibération et la rédaction de pétitions pour la réforme. Une correspondance active s’établit entre les conventionnels écossais et les sociétaires anglais et irlandais. À l’instigation de Muir, les membres les plus influens de ces sociétés, Grey, Fox, Adam, William Jones et Withbread, proposent aux conventionnels d’Écosse d’envoyer des députés à Londres ; l’Irlande y aura aussi ses délégués, et ce Congrès central des réformistes des trois royaumes doit s’attacher à hâter, par tous les moyens les plus efficaces, la réforme des institutions politiques ou faussées ou corrompues, et le redressement des torts du pouvoir envers le peuple.

Ce congrès, où dominent les délégués anglais et irlandais, n’a déjà plus le même langage que la convention écossaise. Le matérialisme politique y remplace la mysticité. Les principes politiques des révolutionnaires français se montrent à nu dans ses manifestes. Écoutons plutôt. « Le genre humain, disent-ils, est sorti d’un long sommeil. Des milliers d’hommes n’ont pas été créés pour être les esclaves d’un seul. Assez long-temps les grands ont bu et mangé aux dépens du peuple, mangé les bons morceaux et bu les boissons fortes. Il est bien temps que le peuple boive et mange aux dépens des grands, car, après tout, le peuple est de la même pâte que les grands ; sa chair ressemble à leur chair, son sang à leur sang. Pourquoi donc le traiterait-on, ce pauvre peuple, comme s’il était d’une race inférieure ? »

La violence de ce langage devait accroître la violence des passions.