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établissement ; elle ne détermine ni l’importance du fonds social, ni l’étendue des opérations.

Mais elle a voulu que tout actionnaire devînt solidaire, jusqu’à concurrence de sa fortune personnelle, des engagemens de la compagnie, et que ses propriétés foncières fussent grevées de cette solidarité. Dans le système écossais, la concurrence, qui n’est ailleurs qu’un principe d’anarchie, a reçu des règles et une sorte d’organisation. Les émissions se limitent naturellement par le contrôle que tous les établissemens ensemble exercent sur chacun d’eux. Deux fois par semaine, les trente-six banques d’Écosse soldent entre elles par l’échange de leurs billets ; les différences sont couvertes par des remises sur Londres, à dix jours de vue. La banque qui aurait forcé ses émissions ne pourrait pas échapper à cette surveillance constante, et se verrait bientôt mise au ban de la communauté ; on s’entendrait pour refuser son papier.

Quelle que soit la perfection de ce système, à l’abri duquel le crédit en Écosse a échappé, depuis cinquante ans, à toutes les perturbations qui ont ébranlé les pays voisins, il suppose un point d’appui sur lequel la machine entière vienne porter, à savoir l’existence d’une valeur qui ne soit pas susceptible de dépréciation, l’or ou les billets de la Banque d’Angleterre. Supprimez l’un ou l’autre moyen de fournir les soldes, et le système écossais n’est plus qu’une ville échafaudée dans les nues. Toute banque établie en Écosse a un agent à Londres ; c’est une nécessité de son organisation, en même temps qu’un signe de vassalité.

La Banque d’Angleterre étant le principal agent et le centre de la circulation dans le royaume-uni, nous avons maintenant à examiner ses attributions, aussi bien les rapports qui la lient à la fortune de l’état, que ceux qu’elle entretient avec le commerce et l’industrie.

La Banque d’Angleterre est le caissier du gouvernement, de même que les banquiers sont les caissiers du public[1].

  1. « On ne connaît pas dans le royaume-uni cet usage de thésaurisation partielle qui, établissant dans chaque habitation une réserve de fonds, forme pour le pays une masse énorme de capitaux enlevés à la circulation et improductifs pour tous. Toute personne qui touche, même en traites ou autres effets de commerce, une somme dont l’emploi ne doit pas être immédiat, la verse au banquier chez lequel elle a été accréditée. Les banquiers ne sont autres que les caissiers du public. Un compte est ouvert à chacun des cliens. Il reçoit un livret contenant des feuillets formulés qui, détachés de leur souche, signés et remplis d’une somme par le possesseur, deviennent autant de mandats que tout fournisseur ou créancier admet en paiement, et auquel le banquier fait honneur à la présentation. »

    (Exposé de l’administration des finances.)

    Les transactions financières ainsi concentrées dans les mains des banquiers sont encore simplifiées par l’institution du Clearing-house, ou bureau des dépouillemens, dont M. Babbage, dans son Économie des machines, donne la description suivante :