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ORGANISATION FINANCIÈRE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

gleterre de son papier ou le retirer de la circulation, et possède ainsi sans partage cet immense pouvoir de changer le prix des choses, soit en contractant, soit en dilatant le mouvement des capitaux.

Des trois royaumes qui forment l’Union, chacun a son système particulier de banque, comme son système différent d’administration. Mais ces rouages divers du crédit se rattachent tous à la Banque d’Angleterre comme à un centre d’impulsion.

Dans l’Angleterre proprement dite, siége du parlement et du pouvoir exécutif, foyer du commerce et de l’industrie, la Banque de Londres, avec son gouverneur et ses vingt-quatre directeurs électifs, forme comme le haut gouvernement du crédit public et privé. Depuis l’année 1694 jusqu’en 1826, la Banque était la seule association incorporée qui eût en Angleterre le privilége d’émettre des billets. En renouvelant la charte d’institution, on a borné ce monopole à un rayon de soixante-cinq milles autour de Londres. Mais elle a établi, dans les comtés les plus éloignés, des succursales (branch-banks), qui lui servent à gouverner partout la circulation. D’ailleurs, comme ses billets forment, concurremment avec les bons de l’Échiquier, le fonds de garantie dans tous les établissemens de banque que lèvent des particuliers ou des associations, c’est d’elle que part et c’est à elle qu’aboutit la circulation.

L’Irlande, qui obéit à un vice-roi anglais, défendu par une armée anglaise, et chargé d’appliquer les lois de l’Angleterre, a aussi une banque nationale, espèce de vice-royauté financière, qui relève et dépend de la banque-monstre établie dans la Cité. La Banque d’Irlande est assise sur les mêmes bases que la Banque d’Angleterre ; mais ce sont comme des forces d’emprunt dont la métropole du crédit a doté sa colonie.

La Banque irlandaise a aussi un privilége d’émission, limité à un rayon de cinquante milles autour de Dublin ; mais son capital est borné, et ses relations purement insulaires. Les billets de la Banque d’Irlande n’ont pas cours en Angleterre, tandis que ceux de la mère-banque sont reçus en Irlande avec faveur. En cas de panique et de dépréciation de leurs propres billets, c’est avec des billets de la Banque d’Angleterre ou avec de l’or que celle-ci leur fournit, que les banques d’Irlande rembourseraient leurs porteurs.

Les banques d’Écosse forment une espèce d’association républicaine, assez semblable à l’organisation de l’église presbytérienne, qui domine dans cette contrée. La loi ne met de limites ni au nombre des établissemens de crédit, ni au nombre des actionnaires de chaque