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sont évaluées, dans les calculs de M. Bailly, à 477,000,000 de fr., ce qui représente, à peu de chose près, le cinquième du revenu total et la moitié des dépenses de pure administration. En France, la proportion de l’impôt local à l’impôt général est beaucoup moins forte. Le pouvoir central exécute chez nous une grande partie des travaux et supporte la plupart des charges qui appartiennent en Angleterre aux localités. Cela seul montrerait au besoin que le gouvernement ne procède pas du même principe dans les deux pays[1].

LA BANQUE D’ANGLETERRE, LE CRÉDIT.

Si la distribution de la richesse est toute féodale en Angleterre, et se concentre sur quelques têtes privilégiées, l’unité, et l’unité la plus rigoureuse, préside au système de la circulation. Ce n’est pas, au reste, le gouvernement qui en a le monopole ; de cette prérogative absolue que s’arrogeaient les souverains au moyen-âge de fixer le titre des valeurs monétaires, il n’a conservé que le droit de frapper les espèces à son coin et de les nommer. Le roi d’Angleterre bat monnaie ; mais c’est la Banque d’Angleterre qui fournit les lingots, et qui détermine, en élevant ou en abaissant le taux du change, la quantité des espèces métalliques qui resteront dans le royaume ou qui seront exportées.

La Banque est le plus grand dépôt des capitaux qui existe, non seulement en Angleterre, mais dans le monde entier. Elle possède le quart du numéraire qui circule dans la Grande-Bretagne, c’est-à-dire 200 à 250 millions de francs. Le papier-monnaie qui sert de complément à cette circulation, sort en grande partie de ses coffres et de ses ateliers. Sur une masse de billets qui représente 700 à 750 millions de francs, la Banque en émet à elle seule les trois cinquièmes, ou 450 millions. La Banque bat monnaie, et ses billets sont la monnaie usuelle, égale en valeur à l’or, et plus recherchée.

Placée au-dessus de tous les établissemens de crédit, comme un surveillant et comme un arbitre, elle n’est elle-même ni contrôlée ni limitée dans son droit d’émission. Elle peut, à son gré, inonder l’An-

  1. Nous voyons, dans les Renseignemens statistiques publiés par le ministre du commerce, que les dépenses départementales de toute nature se sont élevées, en 1832, à 56,774,206 francs. Les revenus des communes, autre partie des impositions locales, composaient, en 1833, une somme de 169,534,584 francs, ce qui donnait, pour le total des communes et des départemens réunis, 226,238,790 francs, ou un peu moins du cinquième du budget général de la France, et une somme inférieure de moitié aux dépenses locales du royaume-uni.