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DE
L’ORGANISATION FINANCIÈRE
DE LA GRANDE-BRETAGNE.

Dans le déchirement européen dont la révolution de 1789 donna le signal, la France et l’Angleterre sont les personnages du drame. Entre ces deux puissantes nations se vide le duel des deux principes, la tradition d’un côté, et de l’autre le progrès. La Prusse, l’Autriche et la Russie, ces colosses de guerre, paraissent à leur tour, et tous ensemble, sur les champs de bataille, mais comme des agens subalternes et des instrumens qu’une puissance supérieure fait mouvoir. La France et l’Angleterre portent seules en elles, ainsi que les héros de l’antiquité romaine, l’ardeur de deux grandes armées. L’une ébranle les masses avec des mots magiques et des promesses de liberté ; l’autre agit sur les gouvernemens par la toute-puissance de l’argent. Un jour vint cependant où l’enthousiasme révolutionnaire, rebuté par vingt-cinq années de sacrifices et de souffrances, ne rendit plus aucune vibration ; l’argent, au contraire, renouvelé aux sources du crédit, devait finir par l’emporter.

Il est à remarquer, dans cette lutte de l’Europe contre la France, que l’intérêt de conservation se trouva ainsi représenté par un peuple relativement nouveau, réduit à battre en brèche, au dehors, la liberté qu’il pratiquait au dedans par ses lois ainsi que par ses mœurs. Rien ne prouve mieux à quel point la monarchie féodale