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mis désarmés, non moins que les monomanes de révolutions devront y échouer. Le pouvoir, qui craint les uns et les autres, aura beau jeu à les combattre. Qu’il donne hardiment l’exclusion à quelques-unes des personnalités les plus insolentes et les plus prétentieuses de la jeune doctrine, et il jouerait bien de malheur s’il ne parvenait pas à les écarter. La plupart semblent avoir conscience de leurs dangers et demander grâce ; car leur organe habituel, du moins celui qui l’était, a beaucoup perdu de son aigreur et beaucoup adouci son langage. Quelque merveilleuses que soient ces conversions, partout où il y aura chance de succès, le ministère n’en aura pas moins raison de seconder le mouvement de l’opinion qui repousse les ultra-doctrinaires, pour mettre à leur place des hommes qui ne soient pas engagés aussi avant dans les liens des partis, et qui soient cependant bien résolus à maintenir les institutions et l’ordre, mais sans réaction. Les candidats ne manqueront point. Ils sont en très grand nombre, et l’on compte parmi eux beaucoup d’indépendances réelles, qui ne donneraient point d’embarras à un gouvernement sage et éclairé, et auxquelles le ministère inspire confiance. Si cet élément pouvait entrer assez dans la composition de la nouvelle chambre des députés, il lui donnerait un caractère qui répondrait parfaitement à celui de l’administration actuelle, le caractère d’une chambre d’affaires et d’intérêts positifs plutôt que de polémique. Elles se trouveraient ainsi, l’une et l’autre, la double expression de l’état auquel on se flatte assez justement d’avoir conduit la France, et qui ne semble devoir être essentiellement changé que par l’influence de grands évènemens au dehors, dont aucune puissance ne provoque aujourd’hui ni ne veut précipiter l’explosion.

Nous avons donné quelques détails, dans notre dernier numéro, sur la création de pairs qui doit précéder l’ordonnance de dissolution. Mais depuis lors, la liste s’est alongée. On cite aujourd’hui comme en faisant partie vingt-un membres de la chambre des députés, cinq généraux non députés, un diplomate en exercice, deux magistrats, un ancien ministre de la restauration, un ancien député, un membre de l’académie des sciences et un amiral ; mais tout cela ne fait encore que trente-trois noms, et il se dit qu’elle doit en comprendre plus de quarante. En attendant voici les noms connus : députés : MM. Bignon, Humann, de Mosbourg, Odier, Kératry, Camille Périer, de Schonen, Charles Dupin, Bessières, Paturle, d’Andigné de la Blanchaye, de Brigode, de Cambis, Daunant, Pelet de la Lozère, Pavée de Vandœuvre, Rouillé de Fontaine, comte d’Harcourt, Durosnel, Tirlet, Delort ; généraux non députés : MM. Tiburce Sébastiani, Darriule, de Castellane, Préval et Petit ; académicien : M. Poisson ; amiral : M. Willaumez ; diplomate : M. Serrurier, ministre plénipotentiaire de France en Belgique ; magistrats : M. le vicomte Harmand d’Abancourt, premier président de la cour des comptes, M. de Belbœuf, premier président de la cour royale de Lyon ; ancien député : M. le marquis d’Escayrac-Lauture ; ancien ministre : M. Bourdeau, collègue de M. de Martignac. M. le général Jacqueminot proteste contre le bruit que plusieurs journaux avaient répandu qu’il consentait à échanger l’honneur de la députation contre un siége au Luxembourg.