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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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30 septembre 1837.


Le ministère a, dans la presse, des amis qui le servent bien mal, ou des alliés qui semblent prendre à tâche de le compromettre. Il nous sera permis de le lui dire, à nous qui, pour le défendre, n’avons pas attendu qu’il se fût affermi ; car nous ne croyons pas qu’il puisse rien gagner à ce qu’on éloigne de lui par d’aventureuses attaques des hommes dont la bienveillance, ou du moins la neutralité, ne lui a pas été inutile pendant la dernière partie de la session, et dont l’appui lui sera nécessaire dans la chambre prochaine. Nous ne croyons pas que l’on comprenne bien sa position et ses intérêts en essayant d’immoler sur ses autels des victimes qu’on ne réussit pas même à blesser. Ce n’est là ni de la conciliation ni de la politique ; et avec ce système, on aurait bientôt fait plus qu’isoler le ministère : on aurait soulevé contre lui toutes les forces et tous les talens ; on aurait remis des armes, pour le combattre, à des gens qui ont déposé les leurs, et se sont montrés, il n’y a pas encore bien long-temps, trop peu avides de ressaisir le pouvoir, pour qu’on ait à craindre en eux, si on ne les provoquait pas, des ennemis bien actifs.

Aussi, pour notre compte, ne croyons-nous pas que le ministère ait inspiré ni autorisé le moins du monde une déclaration de guerre aussi vive que celle dont un journal, qui lui a fait accepter son alliance, vient de se constituer le héraut contre le président du cabinet du 22 février. À l’égard de M. Molé, nous en avons pour garant le langage qu’il a toujours tenu aux amis de M. Thiers, et la justice qu’il n’a cessé de rendre depuis le 15 avril à l’attitude de l’habile orateur envers son ministère et sa personne. Quant à M. de Montalivet, la supposition serait plus injuste encore, s’il est possible, car les trois quarts de cette déclaration de guerre retombent, par la force des choses, sur le ministre de l’intérieur du 22 février, tout autant que sur l’ancien président du conseil. Ce sont les pierres du prédicateur de Louis XV ; elles sont lancées avec tant de force et par une main si maladroitement vigoureuse, qu’elles rejaillissent au-delà du but après l’avoir frappé, et vont par ricochet en toucher un autre, non moins rudement que si le premier choc n’avait pas épuisé toute leur portée. Il est