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ÉCRIVAINS
CRITIQUES ET MORALISTES

DE LA FRANCE.


v.
M. VINET.

Un ami, qui habite le voisinage des montagnes, et à qui je demandais si la vue n’en était pas monotone à la longue, me répondait : « Non, elles ne le sont pas : elle ont, à leur manière, la diversité continuelle de l’Océan, et sans parler des couleurs, changeantes, des effets selon les heures et les saisons, et à n’y voir que les contours et les lignes, elles sont inépuisables à contempler. Souvent, aux lieux les plus connus, un certain profil soudainement caractérisé me révèle des masses différentes, des groupes nouvellement conçus, que je n’avais jamais envisagés de cette sorte, et qui sont vrais, et qui s’ajoutent à la connaissance vivante que j’ai du tout. » Ce que cet ami me disait de ses montagnes, je l’appliquais involontairement à notre littérature, à mesure que, l’envisageant de loin, sous un aspect extérieur, et pourtant d’un lieu qui est à elle encore par la culture, elle me paraissait offrir une perspective nouvelle dans des ob-