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LES UNIVERSITÉS SUÉDOISES.

ceul de la mort dans le temple où ils étaient apparus avec le manteau de la royauté. Ils se couchaient dans leur lit de pierre au pied de l’autel, où ils s’étaient levés le diadème sur la tête. Le catholicisme a été la religion d’humilité par excellence. Il élevait l’homme sur le pavois, mais il lui montrait le tombeau ; il donnait la gloire, mais il la faisait expier. Plusieurs de ces tombeaux sont des monumens d’art curieux. Le roi est là, taillé sur le marbre, le glaive au côté, le globe à la main, comme s’il voulait retenir encore le monde qui lui échappe. Près de lui est sa femme, revêtue de ses habits de reine, toute droite et les mains jointes, comme si elle s’était endormie en priant.

La chapelle qui renferme le tombeau de Gustave Wasa est ornée de peintures à fresque, représentant les principales actions de ce héros favori des Suédois. C’est un roman de roi qui a dû étonner jadis ceux qui l’entendaient raconter. Depuis ce temps, nous en avons eu de plus étranges. Autour de ces tombes de souverains, on aperçoit celles des grands seigneurs qui les ont servis pendant leur vie, et à qui l’étiquette ordonnait peut-être de les suivre après leur mort. Pauvres malheureux courtisans que la mort n’a pas même pu affranchir de leur servitude, et qui sont venus prendre dans cette église la place secondaire qu’ils occupaient dans le palais ! Là sont aussi les reliques d’un des anciens rois de la Suède, saint Éric. On les invoquait jadis dans les temps de peste et de contagion. On les portait un jour de bataille en tête des armées, et on croyait qu’elles devaient effrayer l’ennemi ; on les portait au printemps à travers les champs de blé, et on croyait qu’elles devaient protéger la moisson. Le nom d’Éric les a préservées du vandalisme des iconoclastes ; le sentiment de respect pour la royauté a vécu parmi les Suédois plus long-temps que le sentiment du catholicisme : ils ont détruit les images qui ornaient leurs églises, et les reliques de leurs saints, mais ils ont conservé celles de leur roi.

Plusieurs faits importans se rattachent encore à l’histoire d’Upsal. C’est là que les rois ont souvent appelé la diète du royaume et convoqué des conciles. C’est là qu’en 1593, une assemblée de vingt-deux théologiens et de trois cent six prêtres, présidée par quatre évêques, proclama solennellement la confession d’Augsbourg. La réforme était faite depuis long-temps parmi le peuple, mais elle attendait encore cette sanction.

Il y avait aussi à Upsal, dès le xiiie siècle, une école latine. Le chapitre métropolitain des autres diocèses y envoyait les jeunes gens qui s’étaient distingués dans leurs premières études, et plusieurs maîtres renommés en Allemagne vinrent tour à tour y enseigner la science du moyen-âge. Mais cette science était encore singulièrement restreinte : on apprenait aux élèves le plain-chant, l’office religieux, et quelques principes de théologie. Les vrais savans suédois de ce temps-là étaient ceux qui avaient puisé à une autre source, ceux qui avaient été inscrits parmi les scholares de notre université de France, ceux qu’on appelait les clercs de Paris. L’une des quatre nations de l’université, la nation anglicana, était divisée en trois parties.