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que sans exemple, car il ne mit que dix-neuf jours pour aller de Londres à Rome et revenir. Il trouva Peel au bal chez M. Torlonia dans la soirée du 25 novembre : vingt-quatre heures après, sir Robert était en route pour Paris. Sa femme l’accompagna pendant presque toute la durée de ce rapide voyage ; Peel passa huit jours et huit nuits en voiture. Il arriva en Angleterre le 8 décembre, et le lendemain il eut une entrevue avec le roi. Mais à peine arrivé en Angleterre, il vit les obstacles se multiplier autour de lui.

Après avoir récapitulé les différens épisodes de cette courte révolution, le message envoyé en Italie, l’acceptation immédiate, le retour de Peel et la fermeté avec laquelle il s’occupa aussitôt de la formation d’un cabinet, un observateur qui sait à quoi s’en tenir sur les déclarations des hommes publics est tenté de se demander si ce drame entier ne ressemble pas à une intrigue concertée d’avance, si les acteurs, quelle que soit la constance avec laquelle ils l’ont nié depuis, n’avaient pas déjà arrêté et répété leurs rôles long-temps avant le jour de la représentation.

La première mortification qu’eut à subir sir Robert fut le refus de lord Stanley et de sir James Graham. Ces deux gentilshommes étaient les chefs de cette fraction du parti whig qui s’était séparée du premier ministère de la réforme. Ils avaient l’un et l’autre abandonné en même temps l’administration de lord Grey quand la portion radicale de ce ministère était devenue trop forte pour eux, et l’on pensait généralement qu’ils gouvernaient dans le parlement les votes d’un respectable juste-milieu composé de whigs qui avaient peur d’O’Connell, et de tories modérés qui voulaient obtenir une réputation de libéralisme. Cependant ils ne jugèrent pas convenable de s’enrôler sous les bannières de leur ancien ennemi. Réduit aux seules forces de son camp, sir Robert Peel forma un ministère qui trompa certainement l’attente de la plupart de ses amis et justifia en grande partie les railleries de ses adversaires contre ses professions de libéralisme. Ce ministère, en effet, comprenait le duc de Wellington et lord Lyndhurst, chef reconnu du parti tory dans la chambre des lords, en même temps que lord Wharncliffe, M. Alexandre Baring, et un ou deux autres membres d’opinion modérée ; mais ce qui donnait sa couleur au nouveau cabinet, c’était l’adjonction de plusieurs hommes d’une impopularité notoire, des plus vains et des plus violens champions de l’aristocratie, et de quelques orangistes effrénés, comme MM. Goulburn et Knatchbull, lord Ellenborough et lord Roden.

Le premier acte important du nouveau ministère fut de dissoudre