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assidue au gouvernement du jour, qui dispose à son gré des bénéfices ecclésiastiques, et c’est ce que le satirique doyen Paley, prédicateur distingué, mais d’un caractère un peu excentrique, dit un jour publiquement d’une façon mordante et vive dans une grande solennité. Pitt était venu visiter Cambridge, et tous les dignitaires de l’université se pressaient dans l’église, où le ministre écoutait le service divin. Paley, qui devait faire le sermon, choisit malignement pour texte ces paroles de l’Évangile : « Voici un jeune homme qui a deux pains et cinq petits poissons ; mais que sont-ils pour un si grand nombre ? » Aujourd’hui cependant, que les ministres se sont laissés séduire par des hérésies libérales, il faut reconnaître que ces corps savans se sont abstenus résolument de les soutenir et de les encourager.

Sir Robert Peel est resté jusqu’en 1829 représentant de l’université d’Oxford, dans la chambre des communes.

C’est en 1818, et dans l’année suivante, que le nom de Peel s’associa à une grande mesure de peu d’éclat, mais d’une immense importance, et dont les résultats, diversement appréciés, sont encore aujourd’hui l’objet d’une vive controverse. Président du célèbre comité institué en 1818, pour délibérer sur la restriction des priviléges de la Banque, Peel s’y déclara pour le principe des paiemens en espèces, et l’année d’après fit adopter un acte qui a gardé son nom, par lequel la banque fut obligée de reprendre le paiement en espèces, suspendu depuis 1797. L’ensemble des transactions commerciales du pays se faisait au moyen d’un papier-monnaie de petite valeur ; mais à partir de 1819, l’or et l’argent reprirent le dessus dans la circulation, et le système du papier-monnaie fut considérablement restreint dans son application. Au reste, la question tranchée en faveur des métaux précieux, sous l’influence de sir Robert Peel, est une des plus controversées que l’on connaisse dans le domaine de l’économie politique et de la science financière, et ce n’est pas ici le lieu de la traiter. Mais pour me borner à ce qui concerne particulièrement sir Robert Peel, dans la solution qu’elle reçut en 1819, je dois ajouter que cette solution, bonne ou mauvaise, ne lui appartient pas tout entière. Nommé président du comité à cause de ses habitudes laborieuses et de son aptitude bien connue à discuter au parlement les questions financières les plus épineuses, il fut aidé dans ses travaux, par quelques-uns des hommes les plus distingués du pays, en matière de science commerciale. Depuis il a toujours défendu cette mesure avec zèle et fermeté, dans le sein