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REVUE DES DEUX MONDES.

verte par un enfant. M. de Lamartine publia Dieu et Napoléon, épisodes épiques en vers blancs, et en dix-huit volumes.

Ce fut le 15 août 1828 que Napoléon fut sacré monarque universel par le pape Clément XV, dans une cathédrale trois fois grande comme Saint-Pierre de Rome, bâtie exprès sur les ruines du palais de justice. Tous les rois des quatre parties du monde assistaient à cette cérémonie, y compris le maréchal Soult, nommé récemment roi in partibus. Pour que ce sacre du maître du monde fût plus solennel, on plaça au ciel une nouvelle constellation, sous le nom de Napoléon.

L’empereur était au comble de la grandeur. Il avait laissé aux rois, comme indignes de lui, les titres de sire et majesté. On ne l’appelait plus que sa toute puissance. Il avait achevé, en bronze, l’arc de triomphe de l’Étoile qu’on avait tout doré et qu’on nommait la Porte d’or. Sur la place Louis XV, à la place même où vous supposez que M. Lebas a dressé dernièrement un obélisque, l’empereur érigea un monolithe en marbre de Carrare, de cent quatre-vingt pieds de hauteur, surmonté de sa statue d’or massif, haute de vingt-huit pieds. Le monument entier, y compris sa base, n’eut pas moins de deux cent cinquante pieds d’élévation, et annula complètement, comme vous pensez bien, la colonnette voisine de la place Vendôme. Enfin, comme il fallait à Napoléon un tombeau digne de son trône, il fit tailler en pyramide d’Égypte et revêtir de marbre blanc le mont Valérien, depuis sa racine jusqu’à sa crête.

Toutes choses achevées, Napoléon n’avait plus rien à faire avec la vie. Ce fut le 25 juillet 1832, à sept heures vingt-deux minutes du matin, qu’il mourut d’une attaque d’apoplexie, âgé de soixante-deux ans onze mois et dix jours.

Le romancier s’arrête ici. Il ne dit pas quelle a été la succession de l’empereur, si la monarchie universelle est restée intacte ou s’est divisée entre les mains de ses héritiers. Il n’eût pourtant pas été inutile de nous tenir au courant de ces choses. L’auteur a rayé d’un trait de plume et mis au néant les deux invasions, les deux restaurations, les cent jours, la révolution de 1830 et la dynastie de juillet. Il eût été bon également de savoir le sort de l’immense ordre de choses mis à la place.

Sérieusement, ce roman de la monarchie universelle est parfois ingénieux, souvent puéril ; mais il se laisse lire jusqu’au bout. Si le style avait quelque ampleur, si l’écrivain était plus convaincu, s’il avait plus de foi en son rêve, l’ouvrage ne manquerait pas d’une certaine grandeur épique et idéale. Ce n’est certes pas, en tout cas, l’un des plus mauvais parmi les romans nouveaux.


……Y.


— Les tomes iii et iv de Louis XIV, son gouvernement, ses relations avec l’Europe, par M. Capefigue, ont paru à la librairie Dufey. Ces deux nouveaux volumes conduisent les évènemens jusqu’au testament de don Carlos II d’Espagne, au profit du duc d’Anjou, et par conséquent, à la guerre de la succession d’Espagne. Les documens nouveaux que contiennent ces deux volumes, donnent un grand intérêt à cette publication.


F. BULOZ.