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ORIGINE DES ZODIAQUES.

du père Kircher (en les supposant authentiques), auxquelles ils ont attaché une importance qu’elles ne méritent guère.

2o  Quant aux textes de Sextus Empiricus, d’Achilles Tatius, de Macrobe, de Théon et de Servius, relatifs à des signes de notre zodiaque, qui auraient été employés par les Chaldéens ou les Égyptiens, ils se rapportent aux siècles postérieurs (du iiie au ve), où le zodiaque grec s’était introduit partout, et était employé par les astrologues égyptiens, chaldéens et grecs.

3o  Relativement aux livres sacrés des Perses, Dupuis aurait dû remarquer que dans les plus anciens, tels que nous les a transmis Anquetil du Perron, on ne découvre aucune trace d’astronomie zodiacale. Il n’en a trouvé que dans le Boundehesh, où les signes de notre zodiaque sont en effet cités, le bélier et la balance répondant aux équinoxes, le cancer et le capricorne aux solstices, justement comme dans la sphère d’Hipparque. Mais le Boundehesh, dont on a fait souvent l’emploi le plus abusif, est une compilation sans autorité dans une question pareille, puisqu’elle a été formée postérieurement à la domination sassanide, et même à l’introduction de l’islamisme, par conséquent long-temps après que le zodiaque grec s’était introduit dans tout l’Orient.

4o  Il n’y a non plus nul fonds à faire sur les monumens romains du culte mithriaque. Selon l’hypothèse favorite de Dupuis, leur sujet se rapporte à l’époque où le taureau était équinoxial et le lion solsticial, deux mille quatre cents ans avant notre ère. Quoique cette opinion ait été admise presque généralement, elle n’est pas moins gratuite et arbitraire. Rien ne prouve que l’astronomie joue aucun rôle dans ces représentations. Nul ne peut dire qu’elles ne soient pas purement religieuses. Tout ce qu’on sait de ces bas-reliefs, dont le vrai sens est et sera long-temps inconnu, c’est que le type principal qu’ils nous offrent est emprunté à l’art grec ou romain ; qu’il n’y a pas trace dans l’Orient d’un pareil type, et que le plus ancien bas-relief mithriaque ne remonte pas au-delà du règne d’Adrien[1].

5o  Quant à d’autres monumens égyptiens où, selon les principes de Dupuis, on avait trouvé un thème astronomique remontant à quatre mille ans avant Jésus-Christ, il est visible qu’ils ne sont pas antérieurs

  1. — Je connais tout ce que l’on a écrit depuis 1824, en France et dans l’étranger, sur les bas-reliefs mithriaques. Je n’y vois rien qui puisse me faire modifier ce jugement. Je l’appuierai, quand il sera nécessaire, par un Mémoire spécial, dont les résultats ne concordent pas beaucoup avec les explications que l’on essaie maintenant de faire prévaloir. (Note ajoutée.)