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ORIGINE DES ZODIAQUES.

Il s’ensuit que, dans la sphère grecque, les constellations qui sont devenues depuis les signes du zodiaque, ont été primitivement formées, comme toutes les autres, indépendamment de l’idée d’un cercle quelconque ; qu’elles ont été, comme celles du reste de la sphère, inventées ou introduites successivement, ainsi que cela s’est pratiqué chez tous les peuples, dont la sphère s’est enrichie peu à peu d’astérismes nouveaux.

Cette conséquence est conforme à plusieurs faits importans, sur lesquels on n’a pas assez insisté.

v.

Si notre zodiaque avait été formé tout d’une pièce, ainsi que le voulaient Bailly et Dupuis, il y aurait une certaine régularité, soit dans l’étendue des signes, soit dans leur position relative à l’écliptique. Tout le contraire a lieu.

1o Les constellations zodiacales sont rangées de la manière la plus irrégulière par rapport à l’écliptique ; plusieurs s’en écartent beaucoup, soit au nord, soit au midi ; il est évident, au premier coup d’œil, qu’on a imaginé l’écliptique, et qu’on les a rapportées à ce cercle, bien long-temps après leur formation, laquelle a dû être successive, comme celle des autres astérismes.

2o Leur étendue est extrêmement inégale ; les unes occupent dans le ciel plus de 40°, les autres moins de 20° ; les unes sont séparées entre elles par de longs intervalles, les autres sont tellement rapprochées qu’elles se pénètrent et se confondent. À ces caractères certains, on reconnaît encore qu’elles ont été formées bien avant qu’on ait imaginé une division de l’écliptique en dodécatémories, ou douze parties égales, puisque autrement, vu l’extrême facilité de composer arbitrairement des groupes d’étoiles, il est clair qu’on aurait disposé douze constellations d’une étendue à peu près égale, répondant à autant de parties égales de l’écliptique, et rangées symétriquement le long de ce cercle.

Outre l’époque tardive de l’introduction de la balance, un fait historique vient à l’appui de ces considérations : c’est que deux des constellations maintenant zodiacales ont été inventées à une époque connue. Selon Pline, Cléostrate de Ténédos plaça dans le ciel le bélier et le sagittaire[1], vers la 71e olympiade. Ce passage, qui a toujours fait beaucoup de peine aux partisans de l’antiquité du

  1. ii, 6.