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LES MAÎTRES MOSAÏSTES.

imitait votre geste, ce qui faisait rire aux éclats le confident de ces sottes plaisanteries.

— Et qui était celui qui se permettait de rire ? s’écria le Bozza en enfonçant malgré lui son bonnet sur les yeux, serrant le poing et le ramenant sur la poitrine, geste que, selon Bianchini, Valerio avait tourné en dérision.

— Ma foi, je ne saurais pas vous le dire, répondit Vincent, je ne pouvais voir sa figure, parce que, selon sa coutume, Valerio rassemblait autour de lui un auditoire nombreux, avide de ses saillies. Quand j’ai réussi à fendre la presse, Valerio avait changé d’interlocuteur et parlait d’autre chose, mais on riait encore à la place qu’il venait de quitter.

— C’est bien, messer Vincent, répliqua le jeune homme désespéré. Je vous remercie de m’avoir dit cela ; peut-être trouverai-je l’occasion de vous en récompenser.

En parlant ainsi, le Bozza doubla le pas, et le Bianchini suivit des yeux pendant quelque temps sa plume noire agitée par le vent d’orage. Puis il le perdit de vue, et, s’applaudissant d’avoir entamé la cuirasse du premier coup, il resta long-temps immobile sur la rive écumante, absorbé dans ses pensées de haine et dans ses desseins pervers.


George Sand.


(La seconde partie au prochain numéro.)