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forcé de conclure que la décoration sculpturale du Panthéon manquera d’unité aussi bien que la décoration pittoresque de la coupole et des pendentifs. Le style de Gérard ne s’accorde pas avec le style de Gros ; le style de M. Nanteuil ne s’accordera pas davantage avec le style de M. David. Lors même que les bas-reliefs de M. Nanteuil nous révéleraient chez l’auteur un mérite inattendu, lors même qu’ils réfuteraient victorieusement les conclusions tirées de l’Alexandre, et pour notre part nous le souhaitons vivement, il n’y aura jamais d’harmonie possible entre les bas-reliefs et le fronton. Or, supprimer l’harmonie, c’est supprimer la beauté. Des épreuves nombreuses, qui toutes ont eu le même résultat, je veux dire l’incohérence, auraient dû enseigner au ministère la nécessité de ne pas émietter les travaux de peinture et de statuaire, et de les confier aux plus dignes, sans tenir compte des murmures de l’impuissance. Qu’il se trompe et qu’il oublie ceux qui ont des droits réels, ce sera une faute ; mais du moins la faute commise ne sera pas volontaire, et l’opinion publique ne tardera pas à réformer le goût du ministre. Ce qui importe à la nation qui paie la décoration des monumens, c’est d’avoir des monumens splendidement décorés ; elle ne s’inquiète pas du nombre des hommes entre lesquels le ministre a partagé l’œuvre à faire. Il ne faut donc pas nous lasser de protester contre la division des travaux, car nous soutenons la cause du bon sens.

Il nous reste à demander pourquoi le fronton de M. David n’est pas encore découvert. Nous ne comprenons pas la différence qui sépare les considérations politiques des considérations administratives, et, si c’est à ce dernier ordre de considérations que nous devons attribuer la volonté du ministère, il nous semble que le ministère eût bien fait d’expliquer quelles sont les considérations administratives qui s’opposent à ce que le fronton soit découvert. Les bas-reliefs de M. Nanteuil ne sont-ils pas achevés ? Il n’y a aucun inconvénient à montrer le fronton sans les bas-reliefs. Si nous sommes bien informé, et nous avons lieu de le croire, le fronton était terminé dès les premiers jours de juillet, et M. Destouches, architecte du Panthéon, pouvait, dans l’espace d’une semaine, enlever la charpente et les châssis qui masquent le fronton ; pourquoi donc s’est-il abstenu de les enlever ? Le temps est la seule considération administrative que le ministère puisse faire valoir. Or, le temps n’a pas manqué. Nous sommes donc forcé de croire que des considérations politiques s’opposent à ce que le ministère découvre l’œuvre de M. David.

Sans doute le clergé veut garder le Panthéon pour retrouver Sainte-Geneviève ; il ne veut pas que le fronton d’un édifice autrefois consa-