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LE FRONTON DU PANTHÉON.

de la lutte. Il est probable que M. David, en modelant la tête de Fénelon, a plutôt consulté le rôle qu’il assignait à l’évêque de Cambrai, que le caractère historique de son modèle.

Le portrait du général Bonaparte sera proclamé, d’une voix unanime, admirablement beau. L’auteur a su concilier dans cette tête l’ardeur, l’élégance et la fierté. La courbe de l’orbite appartient à un cercle d’un si grand rayon, qu’elle paraît presque droite, et l’œil enchâssé sous cette voûte regarde la Patrie d’un air impérieux. Les lèvres minces et comprimées expriment l’impatience et l’obstination. Quant au front, il resplendit d’intelligence et de volonté, et quoique l’attitude du général victorieux soit un peu théâtrale, l’œil oublie la ligne du corps pour retourner au visage radieux.

Je n’approuve pas le parti adopté par M. David pour la personnification de la gloire militaire, je pense que la partie droite du fronton n’est pas en harmonie avec la partie gauche ; mais je me plais à louer l’exécution des figures qui malheureusement n’ont aucun nom historique. L’artilleur, le marin de la garde, le grenadier, le dragon, le lancier, le hussard, le tambour et le cuirassier, sont traités avec une souplesse et une largeur qu’on ne pourrait méconnaître sans injustice. Chacune de ces figures, étudiée individuellement, est un prodige d’habileté. Cependant le grenadier de la trente-deuxième demi-brigade appelle particulièrement l’attention ; la tête de ce vieux soldat est admirable de noblesse ; il attend la récompense due à son courage avec une ardeur pleine de confiance. Dans l’exécution de cette figure, M. David a franchement abordé toutes les difficultés que présentait la reproduction de la réalité. Il n’a omis ni le chapeau à trois cornes, ni les cheveux nattés, ni la longue moustache, et il a résolu tous ces problèmes avec une adresse consommée. Je ne sais pas si le grenadier de M. David est un portrait, mais j’incline à le penser. Si l’auteur a composé librement toutes les parties de cette belle et grande figure, s’il n’avait pas sous les yeux les traits qu’il a sculptés dans la pierre, nous devons le féliciter du bonheur avec lequel il a su concilier l’invention et la réalité. Désormais il ne sera plus permis de croire que la statuaire est inhabile à reproduire le type du soldat moderne ; car M. David a montré, dans le grenadier de la trente-deuxième demi-brigade, que le ciseau, conduit par une main savante, peut enrichir les détails les plus mesquins. Une fois résolu à personnifier la gloire militaire dans les armes diverses de l’armée, l’auteur était naturellement amené à traiter chacune de ces armes avec