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LE
FRONTON DU PANTHÉON.

M. David était naturellement appelé, par sa renommée, à décorer le fronton du Panthéon ; M. Guizot a donc bien fait de confier à cet artiste éminent la traduction de la légende inscrite au-dessous du fronton de cet édifice : Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Il a bien fait d’accepter le programme proposé par M. David, et de laisser au statuaire une entière liberté, car il est bien rare que les programmes rédigés dans les bureaux soient en rapport avec les moyens dont le peintre ou le sculpteur dispose. Si M. Guizot, en choisissant M. David, n’a consulté que l’opinion publique, nous devons lui savoir gré de sa docilité ; s’il a obéi à son goût personnel, nous devons louer sa clairvoyance. M. d’Argout, qui, plusieurs fois, a prouvé à la chambre combien il est incapable de comprendre l’importance et la dignité de l’art, s’était effrayé du programme de M. David, et avait arrêté les travaux préparatoires du fronton. Heureusement M. Thiers, en arrivant au ministère, s’est hâté de lever le veto de M. d’Argout, et les travaux ont été repris selon la volonté primitive de M. David. Il est fâcheux que le caprice, l’ignorance ou la timidité d’un homme parfaitement étranger à la peinture et à la statuaire, ait ralenti la décoration du Panthéon ; mais, maintenant que l’œuvre est achevée, nous oublions volontiers M. d’Argout pour