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REVUE. — CHRONIQUE.

mains, et que ce n’est pas M. Molé qui hésitera jamais dans une question de dignité nationale.

Les élections anglaises, commencées depuis le 23 juillet, se poursuivent au milieu des violences, des brutalités, des corruptions ordinaires. Ni d’un côté, ni de l’autre, on ne se fait faute de recourir à tous les moyens de succès qu’une longue habitude a en quelque sorte consacrés. Partout, ce sont des votes achetés, des électeurs enivrés, des masses de peuple soudoyées par le plus riche des deux partis, pour injurier, siffler, accabler de projectiles les orateurs du parti contraire, pour étouffer leur voix par des cris sauvages, par une musique bruyante. M. O’Connell et l’ex-duc de Cumberland, jouent le plus grand rôle dans les discours adressés à la foule du haut des hustings, dans les exclamations qui les interrompent, dans les saillies populaires qui les égaient. Le tory anglican jette à la tête du réformiste O’Connell, et le papisme, et la messe, et le rappel de l’Union ; tandis qu’en fait de raisons à opposer aux tories, la plus victorieuse est toujours ce pauvre duc de Cumberland, qui jouit en Angleterre d’une popularité colossale. Rien n’y manque. Les candidats sont obligés de se défendre d’avoir reçu de lui l’ordre des guelfes, et de déclarer qu’ils ne l’en aiment pas mieux pour cela ; à la fin de chaque élection libérale, après les trois salves d’applaudissemens pour la jeune reine et pour le réformiste qui vient d’être élu, le peuple se met à pousser les trois grognemens de rigueur (three groans) pour sa majesté hanovrienne, qui doit en avoir les oreilles rompues de l’autre côté du détroit.

On ne peut encore affirmer, en sûreté de conscience, que la majorité soit décidément acquise aux réformistes, et par eux au ministère Melbourne. Sur les élections déjà connues, et qui ont été vivement disputées, ils la revendiquent avec raison ; mais leurs adversaires contestent le chiffre. Reste à savoir comment tourneront les élections des comtés. Cependant il y a un résultat important à constater, c’est que les radicaux ont beaucoup perdu, et ils perdront encore davantage ; leurs projets ont effrayé, et les ministres l’ont si bien senti, que tous ceux qui sont partis de la chambre des communes les ont désavoués et se sont séparés d’eux dans leurs discours aux électeurs. Le langage de lord John Russell et de M. Spring-Rice, l’un ministre de l’intérieur, l’autre chancelier de l’échiquier, a été très remarquable sous ce point de vue. Ils ont pris tous deux les engagemens les plus formels sur la constitution de la pairie, sur le maintien de la religion de l’état, sur les grandes questions fondamentales que les radicaux ont soulevées dans ces derniers temps. Il ne tient aujourd’hui qu’à la chambre des lords de consommer la séparation du parti whig d’avec le radicalisme. Le moyen, c’est de céder sur les mesures de réformes qu’elle a repoussées jusqu’à ce jour. Elle peut être sûre qu’ensuite le ministère n’ira pas plus loin, qu’il aura besoin de s’appuyer sur elle, et que la lutte politique sera transportée sur un autre terrain, où elle ne recevra pas les premiers coups.

Pendant tout ce mouvement électoral, on a un peu oublié lord Durham, dont on parle moins. L’influence de lord Melbourne dans le nouveau gou-