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respect du monde civilisé. M. d’Ouvaroff, bien jeune encore, était déjà président de l’Académie des sciences et avait mérité la confiance de l’empereur Alexandre. Il s’est dévoué sans réserve au système russe de l’empereur, et tout en semant d’une main sur la Russie les bienfaits de l’instruction, et même en les semant avec abondance, il tâche, de l’autre, de contenir les germes qu’il répand, et de les faire tourner au profit de la politique du gouvernement russe. J’ai déjà exposé les principes de cette politique ; ces principes sont bons, sans doute, puisqu’ils sont opportuns, et qu’ils ont donné à la nation russe le surcroît de force dont elle jouit aujourd’hui par l’effet de sa centralisation ; mais cette force même et ce bien-être acquis par les lumières, par les sciences et l’instruction, produiront, en peu d’années, des résultats tout différens de ceux qu’on semble en attendre.

Voici quelques chiffres où l’on pourra lire assez clairement l’avenir moral de la Russie :

En 1804, on comptait, en Russie, 499 écoles relevant du ministère de l’instruction publique. Ces écoles renfermaient 33,481 élèves.

En 1824, ces écoles étaient au nombre de 1,411, et renfermaient 69,629 élèves.

En 1804, les écoles militaires étaient au nombre de 15, avec 29,000 élèves.

En 1824, les écoles militaires, où l’on élève les nobles, dont la plupart reviennent maintenant habiter leurs terres et s’y livrer à l’industrie, en s’aidant, dans cette nouvelle carrière, des connaissances mathématiques et physiques acquises dans les écoles du gouvernement, étaient au nombre de 117 ; elles renfermaient 102,295 élèves.

Les écoles ecclésiastiques avaient également progressé, en 1824, de 100 à 544 ; elles renfermaient 50,000 candidats, au lieu de 15,000 qu’elles avaient en 1804.

Le nombre des élèves des écoles spéciales s’élevait à 41,300 en 1824. En 1804, il était de 31,775. La progression est moins grande ; mais elle a été plus rapide depuis. Ces écoles sont aujourd’hui au nombre de 307, au lieu de 46. Aujourd’hui aussi, en 1837, 1,681 écoles ressortissent du ministère de l’instruction publique.

D’après le beau travail de M. de Krusenstern, à qui j’emprunte ces données, et selon les calculs d’un autre écrivain[1], le nombre total des élèves dans toutes les écoles de l’empire est actuellement :

  1. M. Glagoleff. Statist. — Journal du ministère de l’intérieur (en russe), 1837.