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classes : les paysans libres, les paysans de la couronne, et les serfs.

Parmi les premiers se trouvent les cultivateurs libres, les colons et les paysans qui paient tribut.

Parmi les seconds, les enfans des colonies militaires, les paysans des fabriques et des mines impériales, les exilés en Sibérie, qui sont considérés comme paysans.

Parmi les troisièmes sont les paysans de la famille impériale et les serfs des seigneurs.

Les paysans libres ont été élevés à l’état de classe par un ukase du 20 février 1803. Les seigneurs avaient, il est vrai, déjà le droit de donner la liberté à leurs serfs[1] ; mais un affranchi ne pouvait s’adonner qu’au service de l’état et à la profession de marchand. L’empereur Alexandre leur permit d’acheter des terres (sans paysans héréditaires), et de les faire valoir avec tous les priviléges des gens libres.

La servitude a été complètement abolie en Esthonie et en Livonie[2].

Les colons étrangers qui se sont établis sur les terres des propriétaires jouissent, comme les colons appelés par la couronne, de la liberté de leur religion, de l’affranchissement du service militaire et civil, et sont exempts de redevances à la couronne pendant vingt ans. Les traités entre les propriétaires et les colons ne peuvent avoir lieu que pour vingt ans, et doivent être confirmés par le ministre de l’intérieur, curateur de tous les colons.

Les paysans qui paient tribut sont les Tartares et les peuples nomades de Sibérie, qui jouissent de tous les droits des sujets russes, même quand ils ne professent pas le christianisme, mais qui doivent suivre le rit grec, s’ils se convertissent. Ils paient en argent ou en pelleteries. Leurs différends sont jugés par leurs anciens, élus par eux-mêmes.

La première classe des vassaux de la couronne est celle des odnoworzji. Elle est très nombreuse, et se compose des descendans d’anciens soldats à qui on avait donné des terres en récompense de leurs services. Il s’y trouve aussi quelques races nobles dont les terres ont été morcelées par le partage entre de nombreux enfans, ce qui motiva un ukase de Pierre-le-Grand, où il est dit qu’il fonde des majorats[3] pour empêcher les nobles d’entrer dans la classe des odnoworzji. Ces vassaux paient certains impôts, comme les au-

  1. Manifeste de l’impératrice Catherine, 17 mai 1775.
  2. Ukases du 6 juin 1816 et du 6 janvier 1820.
  3. Ukase du 4 mars 1714.