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gemens qui changeraient, à son préjudice, une situation garantie par d’anciens traités. Il en résulterait donc infailliblement une grave perturbation dans le système de la quadruple alliance, et nos départemens méridionaux se plaindraient alors, avec trop de raison, des sacrifices qu’il leur impose, pour qu’il fût sage ou possible de les exiger plus long-temps.

L’Espagne est maintenant assez calme. L’insurrection qui a éclaté, dans les premiers jours du mois de mai, à Barcelonne, quoique fort sérieuse, n’a cependant servi qu’à compromettre plus encore la bourgeoisie de cette grande ville dans les voies de l’ordre et de la modération. Les mesures rigoureuses, mais nécessaires, que les autorités militaires et civiles ont adoptées à la suite de cette coupable tentative pour prévenir un nouveau soulèvement du parti républicain, se sont exécutées sans résistance et sans trouble. L’empire des lois est rétabli sur tous les points où s’était propagée la révolte, et l’invasion de la Catalogne, par les carlistes, a momentanément effacé les divisions du parti constitutionnel. Valence ne songe qu’à défendre ses murs, sans cesse menacés par des bandes audacieuses et féroces. Cadix est tranquille. À Malaga, le général Quiroga et ses successeurs dans le commandement de cette partie de l’Andalousie se sont attachés à neutraliser, autant que possible, tous les élémens de désordre que renferme une des populations les plus remuantes de l’Espagne, et ils ont réussi. On a désarmé la populace, on a puni les assassins, on a dispersé les fauteurs de séditions. Enfin les dispositions de la garde nationale de Madrid sont rassurantes, et le ministère affecte de ne plus craindre que les complots des réactionnaires ou partisans du statut royal, qui sont l’objet de toutes ses rigueurs.

Mais ce ministère lui-même est-il bien certain de son avenir ? nous ne le croyons pas. L’opinion générale est qu’il doit prochainement subir un changement essentiel dans sa composition. La majorité des cortès en a beaucoup moins adopté les hommes que la direction politique ; et toutes les fois qu’il s’est agi, soit à propos de finances, soit à l’occasion des malheurs de la guerre civile, de déclarer qu’on ne le trouvait ni assez prévoyant, ni assez habile, ni assez heureux, la majorité s’est affaiblie, et quelquefois même lui a fait défaut. Au moment où nous écrivons ces lignes, il y a crise. L’opposition des cortès et le parti modéré, dont l’existence ne se révèle plus que par une presse fort bien maniée, travaillent, de concert, au renversement du ministère Calatrava. Dans celui-ci, on sent la nécessité de se modifier ; et chacun est à la recherche de nouveaux alliés. Mais on n’est