en voyant Espartero, Saarsfield, Evans, s’obstiner dans une inaction dont on ne comprend pas les motifs. Espartero est malade, ses troupes sont exténuées et manquent de tout. La légion Evans est mécontente, quoique le gouvernement espagnol s’impose en sa faveur bien plus de sacrifices que pour la légion française, dont les services ne sont ni appréciés ni reconnus. Pour faire le moindre mouvement hors de Pampelune, Saarsfield est obligé d’emprunter 40,000 piastres aux habitans de cette ville, qui les lui accordent sous l’impression de la délivrance de Bilbao, et les redemandent ensuite quand ils ne le voient pas bouger. La légion française, jalousée par les généraux espagnols, est menacée, au mois de février, d’une dissolution complète, par suite de l’insuffisance des ressources envoyées de Madrid et des mauvaises mesures prises à son égard. D’ailleurs, l’insubordination s’accroît dans les rangs supérieurs de l’armée. La querelle de Narvaez et d’Alaix préoccupe tous les esprits ; on craint les relations de Narvaez avec le parti réactionnaire ; les officiers, fort imprudemment attaqués par M. Mendizabal dans les cortès, lui répondent par des insultes publiques, et le mécontentement de l’armée est à son comble. C’est pendant cette troisième période que Cabrera et Forcadell ont envahi la Manche, pénétré dans Albacete, Orihuela, Elche, menacé Valence, Alicante et Murcie, détruit, à Siete-Aguas et à Burjasot, deux brigades de l’armée du centre, et jeté le trouble jusque dans Madrid. Puis est survenue la désastreuse affaire d’Hernani, où Villaréal et l’infant don Sébastien auraient anéanti la légion anglaise, si les troupes de marine débarquées par lord John Hay n’avaient protégé sa retraite jusque dans Saint-Sébastien. De là des récriminations sans fin contre la perfidie ou la lâcheté des généraux espagnols du côté des Anglais, et de l’autre côté une recrudescence de mépris contre des auxiliaires si coûteux et si peu utiles. En Catalogne, seulement, les troupes de la reine, bien dirigées, ont conservé l’avantage sur les bandes nombreuses et féroces qui désolent cette province.
Sur la fin d’avril, Oraa et ses lieutenans étaient parvenus à refouler Cabrera et Forcadell dans leurs montagnes, et quelque temps après, la légion anglaise, bien affaiblie, comme on en peut juger par son état actuel, avait réparé l’échec d’Hernani par la prise d’Irun. Mais la retraite du général Evans, à la suite de ce succès, semble prouver qu’il a craint de voir flétrir ses lauriers, s’il restait plus long-temps au service de l’Espagne. Il est retourné siéger au parlement, et le corps qu’il commandait, réduit à une brigade de