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de l’intérieur, laissées vacantes par la retraite de M. le comte de Rémusat. En sorte que M. Jaubert et ses amis se proposaient, en réalité, d’augmenter le budget, de le grever, d’une part, d’un traitement que M. Vatout ne demande pas, et de le charger, d’une autre part, d’un fonctionnaire à gros appointemens, que l’expérience et l’activité du ministre de l’intérieur actuel rendent parfaitement inutile. À cette occasion, M. de Montalivet a défini, avec une convenance et une modération parfaite, les fonctions d’un sous-secrétaire d’état du ministère de l’intérieur, quand il y a réellement un ministre. « Cet emploi, a dit le ministre, me paraît tout-à-fait inutile. On vous a parlé de l’encombrement des affaires. Eh bien ! depuis que je suis de retour au ministère, et malgré mes vives souffrances, je puis dire que jamais les affaires n’ont été plus promptement expédiées. J’invoque le témoignage de tous les préfets, de tous les administrateurs, de tous mes collaborateurs ! » Si M. de Montalivet ne s’était pas fait un devoir de ne pas se servir du langage qu’on blâme dans ses adversaires, et de ne pas s’écarter de la ligne de dignité et de modération qu’il s’est tracée, il aurait pu dire à M. Jaubert que les choses interverties par les doctrinaires ont été remises à leur véritable place. Au temps peu éloigné, où M. de Rémusat avait le titre de sous secrétaire d’état au ministère de l’intérieur, les détails de l’administration se trouvaient confiés au ministre de ce département, et M. de Rémusat exerçait en réalité, avec M. Guizot, la direction-politique. En ce temps-là, il eût été logique de demander la suppression du ministre et le maintien du sous-secrétaire d’état. Le ministère de l’intérieur était alors dans les mains de M. de Rémusat, il était au ministère de l’instruction publique, il était chez M. Duvergier de Hauranne, et même chez M. Jaubert ; il était partout, excepté dans les mains de M. de Gasparin. Mais, aujourd’hui que ce ministère est confié à M. de Montalivet, qui suffit à sa tâche, et qui défend assez bien ses attributions contre M. Jaubert et son parti, nous ne voyons pas la nécessité de placer un second ministre entre M. de Montalivet et ses chefs de division. Nous nous souvenons très bien que le parti doctrinaire, qui accuse violemment le pouvoir de répandre des faveurs pour se créer des partisans, annonçait par ses journaux la création d’une école de hautes positions secondaires, pour ceux qui voudraient s’enrôler sous sa bannière. L’honneur de cette sublime création est entièrement réservé à ceux qui l’ont conçue, et le système des places doubles, des titulaires sans fonctions, des ministres exerçant dans un autre département que le leur, sera ajourné, n’en déplaise à M. Jaubert, jusqu’à la rentrée de M. Guizot au ministère de l’instruction publique, et de M. Gasparin, flanqué de M. de Rémusat, ainsi que de quelques autres bénévoles assistans, dans les autres ministères.

Si l’on voulait s’élever plus haut, et ne pas se jeter dans les débats de personnes, comme fait l’orateur qui représente actuellement le parti doctrinaire à la chambre, la question se simplifierait beaucoup. Il s’agit de deux partis ou de deux opinions. L’un de ces partis a un système dont il redoute tellement les effets, qu’il n’ose le mettre ouvertement en pratique,