Une coquille d’escargot lui sert de casque. Ses cheveux sont verts comme les roseaux, et sa voix ressemble au chant de la mouette.
— Oh ! dis-moi, s’écrie la jeune fille, dis-moi, homme de mer, quand viendra le beau jeune homme qui doit me prendre pour fiancée.
— Écoute, Agnete, répond le trolle de mer, c’est moi qu’il faut prendre pour ton fiancé.
J’ai dans la mer un grand palais dont les murailles sont de cristal.
À mon service j’ai sept cents jeunes filles moitié femme, moitié poisson.
Je te donnerai un traîneau en nacre de perles, et le phoque t’emportera avec la rapidité du renne sur l’espace des eaux.
Dans ma retraite tapissée de verdure, de grandes fleurs s’élèvent au milieu de l’onde, comme celles de la terre sous le ciel bleu…
— Si ce que tu dis est vrai, répond Agnete, si ce que tu dis est vrai, je te prends pour mon fiancé.
Agnete s’élance dans les vagues, l’homme de mer lui attache un lien de roseau au pied et l’emmène avec lui.
Elle vécut avec lui huit années et enfanta sept fils.
Un jour elle était assise sous sa tente de verdure, elle entend la vibration des cloches qui sonnent sur la terre.
Elle s’approche de son mari et lui dit : Permets-moi d’aller à l’église et de communier.
— Oui, lui dit-il, Agnete, j’y consens. Dans vingt-quatre heures tu peux partir.
Agnete embrasse cordialement ses fils et leur souhaite mille fois bonne nuit.
Mais les aînés pleurent en la voyant partir, et les petits pleurent dans leur berceau.
Agnete monte à la surface de l’onde. Depuis huit ans, elle n’avait pas vu le soleil.
Elle s’en va auprès de ses amies, mais ses amies lui disent : Vilain trolle, nous ne te reconnaissons plus.
Elle entre dans l’église au moment où les cloches sonnent, mais toutes les images des saints se tournent contre la muraille.
Le soir, quand l’obscurité enveloppe la terre, elle retourne sur le rivage.